Près de 100 000 travailleurs ont participé, lundi, à des débrayages dans les usines allemandes de Volkswagen pour protester contre les plans de la direction visant à réduire les salaires et même à fermer des sites du plus grand constructeur automobile d'Europe, a déclaré le syndicat IG Metall, menaçant de nouvelles actions syndicales.
Avec des grèves de deux heures dans les équipes du matin et des débrayages précoces dans les équipes du soir, un total de 98 650 employés de neuf usines en Allemagne ont pris part à l'action industrielle, a déclaré le syndicat mardi.
"Vous voulez la guerre, nous sommes prêts", affichait une banderole dans la foule de salariés mobilisés à Hanovre (nord), l'un des neuf sites du pays où des arrêts de travail ont été observés pendant plusieurs heures.
Avec cette première grève "d'avertissement", le syndicat de la métallurgie IG Metall entend mettre la pression sur la direction du premier constructeur automobile d'Allemagne et d'Europe qui envisage des fermetures d'usines et des licenciements massifs pour redresser sa compétitivité.
"VW c'est nous", proclamait une pancarte suspendue à une fenêtre d'appartement en soutien aux manifestants.
Les salariés de Zwickau (est) ont bruyamment manifesté leur colère devant les portes de l'usine : "Cela fait trois mois que leur emploi est menacé et ils attendaient de pouvoir enfin montrer ce qu'ils en pensent", a déclaré un porte-parole local d'IG Metall.
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Discussions dans l'impasse
C'est la première étape d'un mouvement social qui pourrait prendre une ampleur inédite si la direction et les représentants du personnel ne parviennent pas à trouver d'accord sur les mesures de restructuration.
Symbole des difficultés de l'industrie allemande, la crise chez Volkswagen prend une résonance particulière en pleine campagne pour les élections législatives du 23 février dans la première économie européenne.
IG Metall s'est dit prêt à un conflit social comme l'Allemagne "n'en a pas connu depuis des décennies".
Volkswagen a, en septembre, annoncé préparer un plan drastique d'économies, cherchant à réduire ses coûts de plusieurs milliards d'euros dans ses usines allemandes.
Trois séances de négociations entre direction et syndicat ont eu lieu, sans résultat.
"Nous devons réduire nos capacités", a réaffirmé, en novembre, Thomas Schäfer, patron de la marque VW.
Selon IG Metall, Volkswagen envisage de fermer trois usines en Allemagne, ce qui serait une première en 87 ans d'histoire. Le constructeur compte dix sites de production dans le pays et environ 300.000 salariés.
Les deux parties se retrouveront le 9 décembre à Wolfsburg pour un quatrième tour des négociations. Un comité d'entreprise se tiendra mercredi au siège du groupe, en présence du PDG de Volkswagen et du ministre allemand du Travail.
Hécatombe industrielle
Volkswagen souffre à la fois du ralentissement mondial des ventes de voitures, de la concurrence chinoise, de modèles à batterie pas assez attractifs et de coûts de main d'œuvre plus élevés que ses rivaux, selon les experts.
Comme Volkswagen, c'est toute l'industrie allemande qui voit son modèle remis en cause, confrontée ces derniers mois à une litanie de plans sociaux dans l'automobile, la chimie, la sidérurgie. L'activité économique du pays devrait se contracter en 2024, pour la deuxième année de suite.
La paralysie politique depuis la rupture, début novembre, de la coalition tripartite d'Olaf Scholz, assombrit encore la situation. La relance de l'économie s'est imposée comme un enjeu central de la campagne pour les élections du 23 février.
Le chancelier social-démocrate (SPD) Olaf Scholz et le ministre de l'Economie Robert Habeck (Verts), en lice pour les législatives, défendent tous deux des subventions à l'industrie, notamment pour réduire les coûts de l'énergie. Leurs adversaires conservateurs, donnés gagnants par les sondages, veulent freiner la dépense publique.