Dans cet e-mail interne, accidentellement partagé avec The Electronic Intifada, le journaliste néerlandais Christiaan Triebert a expliqué à un responsable qu’il avait proposé “une enquête visuelle sur les événements des 6-8 novembre à Amsterdam”.
“Malheureusement, cette enquête a été abandonnée. Je regrette que l’enquête visuelle planifiée, étape par étape, n’ait pas été poursuivie” a-t-il écrit tout en qualifiant cette décision de “très frustrante”.
Manipulation à l’antisémitisme
L'enquête visait à analyser les violences impliquant des supporters du club israélien Maccabi Tel Aviv après leur défaite contre l’Ajax d’Amsterdam.
L’e-mail était adressé à Charlie Stadtlander, un cadre supérieur du New York Times qui a auparavant travaillé comme responsable de presse pour la NSA et l’armée américaine.
Triebert semblait déterminé à rectifier le récit, contredisant celui de son propre journal, qui présentait les fans israéliens comme victimes d’une violence antisémite.
Cette correspondance a été déclenchée par les demandes de commentaires de The Electronic Intifada auprès du Times au sujet de leur couverture jugée inexacte des événements à Amsterdam.
La couverture initiale du New York Times avait présenté l’incident comme une agression antisémite, sur la base d’affirmations non vérifiées fournies par le gouvernement israélien, contrairement à la première version de l’article, archivée en ligne, qui ne contenait aucune preuve d’antisémitisme.
Cette accusation portée par le journal ne reposait que sur les déclarations du ministre israélien d’extrême droite Itamar Ben-Gvir.
Ce dernier, connu pour ses positions extrémistes, avait affirmé que les supporters israéliens avaient été attaqués “avec une cruauté inimaginable simplement parce qu’ils étaient juifs”.
Curieusement, toutes les références à Ben-Gvir ont été supprimées de l’article en moins de deux heures.
L’auteure des vidéos dément
Selon The Electronic Intifada, le New York Times a inversé les faits, affirmant qu’une vidéo montrait des “attaques antisémites” contre des Israéliens, alors qu’elle montrait en réalité des hooligans israéliens agressant un citoyen néerlandais.
La vidéo originale de l’incident, filmée par la photojournaliste néerlandaise Annet de Graaf, avait été utilisée par le journal pour soutenir le récit d’agressions antisémites.
Or, de Graaf a publiquement dénoncé cette interprétation, expliquant que les violences avaient été initiées par les supporters de Maccabi Tel Aviv.
“Ce que j’ai expliqué à plusieurs médias, c’est que les supporters de Maccabi ont délibérément déclenché l’émeute devant la gare centrale après le match” a-t-elle déclaré sur X.
Sous pression, le Times a finalement publié une correction, mais des questions demeurent sur la suppression initiale de la vidéo et le maintien d’un récit erroné pendant plusieurs jours.
Stadtlander a répondu que les travaux de Triebert avaient été intégrés dans un autre article, mais ce dernier, selon The Electronic Intifada, minimise ou détourne la nature des violences israéliennes.
L’article omet également de souligner les chants génocidaires de supporters israéliens revenant d’Amsterdam, qualifiés simplement de « slogans incendiaires contre les Arabes et les Gazaouis ».
Une couverture pro-israélienne
Depuis l’incident, le Times a publié plus d’une douzaine d’articles axés sur ces violences, un chiffre étonnant comparé à son traitement souvent minimaliste des crimes graves commis par Israël en Palestine, comme les agressions sexuelles ou les actes de tortures documentés contre des prisonniers palestiniens.
Les choix éditoriaux du journal incluent des articles d’opinion aux titres alarmistes, tels que “Amsterdam Is About Jew Hatred” (Amsterdam, c'est la haine des Juifs) ou “The Age of the Pogrom Returns” (Le retour de l'ère des pogroms).
L'empressement du Times à dépeindre Israël et les Israéliens comme victimes rappelle comment le journal avait de façon répétée promu des récits discrédités, comme celui des prétendus “viols de masse” par des combattants palestiniens le 7 octobre 2023.
Ce type de propagande, présenté sous couvert de journalisme, a été utilisé pour justifier la guerre meurtrière d’Israël à Gaza.
Dans un autre e-mail interne adressé à Stadtlander, le journaliste Christiaan Triebert a expliqué qu’après avoir discuté avec Annet de Graaf, il avait “contacté les auteurs de l’article pour aborder les inexactitudes factuelles qu’il contenait”.
Triebert a également exprimé son incompréhension face à la suppression de la vidéo, affirmant qu’il aurait été utile de l’inclure avec le contexte montrant que des supporters israéliens agressaient un homme.