Co-organisé par le Sénégal et la Banque africaine de développement (BAD), l’objectif de ces trois jours de discussion, qui réunissent seize chefs d’État et de gouvernements, des acteurs du secteur bancaire, des partenaires au développement et le secteur privé, est d’évaluer le potentiel agricole et alimentaire de l’Afrique pour améliorer sa souveraineté alimentaire.
Ce sommet veut s’inscrire "dans la dynamique de l’Afrique des solutions", a déclaré Macky Sall, président sénégalais et président en exercice en l'Union africaine (UA) lors de la cérémonie d’ouverture, "une Afrique qui puise dans son énorme potentiel pour se nourrir par elle-même et aider à nourrir le monde".
Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union africaine a indiqué de son côté que "dans le temps africain actuel, la souveraineté alimentaire et nutritionnelle devrait être l'âme de notre nouvelle libération de la dépendance alimentaire des fluctuations des marchés et cours céréaliers".
"Comment nous considérer comme hommes libres alors que nous dépendons pour vivre des vivres d'autrui ?", s’est-il interrogé.
"Le potentiel ne se mange pas"
Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwimi Adesina, s’est désolé des quantités importantes de nourritures importées par l’Afrique malgré ses énormes potentialités agricoles. "Le potentiel est là, mais le potentiel ne se mange pas", a-t-il affirmé.
"L’Afrique importe plus de 100 millions de tonnes en nourriture évalués à 75 milliards USD. Aujourd’hui, plus de 283 millions d’Africains vont au lit chaque jour avec la faim. Ceci n’est pas acceptable ; L’Afrique peut et l’Afrique doit se nourrir elle-même", a insisté Adesina.
La BAD promet d’ailleurs 10 milliards de dollars sur les cinq prochaines années pour soutenir les stratégies nationales de souveraineté alimentaire.
"Nous avons des armes beaucoup plus puissantes que des bombes et des chars, ce sont nos terres, la jeunesse et des agriculteurs volontaristes qui aident à changer l’histoire de l’Afrique", a soutenu le chef de l’Etat malgache, Andrey Rajolina.
Rajoelina a proposé d’augmenter le rendement des agriculteurs en leur fournissant des semences et des engrais et en leur octroyant des terres à cultiver. "Cela augmentera le pouvoir d’achat et les revenus de chaque ménage d’agriculteurs et surtout le produit intérieur brut ".
Besoin d’infrastructure
Le président sénégalais a appelé au renforcement des infrastructures de désenclavement et d’interconnexion transfrontalières dans le continent ainsi que les équipements de stockages, de conservation et de transformation locale, en précisant que l’Afrique perd annuellement autour de 40% de ses récoltes à cause du manque d’infrastructures de stockage et de conservation adéquates.
Les infrastructures sont "un pilier pour améliorer l’accès des produits aux marchés", selon lui.
"La technologie à elle seule ne suffit pas. Nous avons également besoin d’infrastructures, de routes, d’énergie, de stockage, d’irrigation. Nous avons besoin des marchés, de l’industrie alimentaire, de politiques de soutien et de financement. Maintenant, transformons la volonté politique en actions décisives", a également estimé Adesina.