À 81 ans, Mohamed Bennouna, ce juge marocain à la Cour internationale de Justice (CIJ) depuis 2006, est rodé aux arcanes de la justice internationale. Avant la CIJ, il a été Juge au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie à La Haye de 1998 à 2001.
Professeur de droit international, diplômé de l’Académie de droit international de La Haye, Mohamed Bennouna s’est d’abord illustré dans les universités marocaines.
Professeur puis doyen de la faculté de droit de Rabat entre 1972 et 1984, il a fondé et dirigé la Revue juridique, politique et économique du Maroc en 1976.
Au-delà de son Maroc natal, ce natif de Marrakech a distillé ses connaissances à l’étranger, comme professeur visiteur dans différentes universités de par le monde : Tunis, Alger, Nice, New York, Salonique, Paris.
Sa notoriété lui a ouvert les portes d’institutions prestigieuses comme le Curatorium de l’Académie de droit international ou encore l’Institut de droit international, en tant que membre.
L’expertise de Mohamed Bennouna a contribué à codifier les rapports entre la recherche scientifique et l’éthique dans le monde.
C’est ainsi qu’il a été tour à tour membre du Comité international de bioéthique de l’Unesco de 1992 à 1998 et membre de la Commission mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et des technologies (Comest) de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) de 2002 à 2006.
En droit, sa discipline de prédilection, Il a présidé un panel de la Commission d’indemnisation des Nations unies à Genève (1992- 1995). Il a été entre autres membre de la Commission du droit international des Nations unies (Genève) (1986-1998) et premier rapporteur spécial de la Commission du droit international sur la question de la protection diplomatique (1997-1998).
Il a aussi mis son expertise au service du Maroc. D’abord, comme conseiller juridique de la délégation marocaine à de nombreuses sessions de l’Assemblée générale des Nations unies (1974- 1985) ; ensuite membre de la délégation marocaine à la Conférence des Nations unies sur le droit de la mer (1974-1982).
Intellectuel prolifique, il est l’auteur et co-auteur de dizaines d’ouvrages, cours et contributions. On citera entre autres : “Le consentement à l’ingérence militaire dans les conflits internes”, Paris, LGDJ, 1974 ; “Le droit international relatif aux matières premières” ou encore “Droit international du développement : tiers-monde et interpellation du droit international, Paris, Berger-Levrault”,” Traité du nouveau droit de la mer”, Paris, Economica, 1985.
Au cours de sa carrière de diplomate, Mohamed Bennouna a été ambassadeur, représentant permanent adjoint du Maroc auprès des Nations unies de 1985 à 1989.
Juges africains et arabes à la CIJ
Outre Mohamed Bennouna, il y a aussi un autre juge arabe en la personne de Nawaf Salam. Originaire du Liban, il a obtenu sa licence en droit à l’Université de Beyrouth avant d’obtenir, entre autres, un doctorat d’État en science politique à Paris.
Ambassadeur et représentant permanent du Liban auprès de l’Organisation des Nations unies à New York de juillet 2007 à décembre 2017, il a aussi enseigné dans des universités au Liban, en France et aux États-Unis et publié de nombreux ouvrages, essais et articles traitant de divers aspects du droit international.
L’Ougandaise Julia Sebutinde, titulaire d’un troisième cycle en pratique juridique des universités ougandaises notamment, est l’une des trois femmes de la CIJ.
Enfin, le somalien Abdulqawi Ahmed Yusuf est le tout premier juge d’origine africaine, à avoir dirigé la cour du 6 février 2018 au 8 février 2021, après avoir été vice-président de la CIJ entre le 6 février 2015 et le 5 février 2018. Ce polyglotte, docteur en droit international, enseignant et auteur prolifique, parle couramment le français, l’anglais et l'italien à côté du somalien.