Un an après la création de l'Alliance des États du Sahel : Bilan et défis sécuritaire

Un an après la création de l'Alliance des États du Sahel : Bilan et défis sécuritaire

Un an après l'avènement de l’Alliance des États du Sahel, la sécurité demeure le principal défi.
Le premier sommet de l'Alliance des États du Sahel à Niamey, le 7 juillet 2024. (Others)

Il y a un an jour pour jour, le Mali, le Burkina Faso et le Niger annonçaient la signature de la Charte du Liptako-Gourma, consacrant ainsi la création de l'Alliance des États du Sahel (AES). L’objectif affiché est la mutualisation des moyens pour assurer la sécurité des populations de ces États.

Cette alliance vise à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et à combattre la criminalité organisée dans cette région cruciale. Elle prévoit également la mise en place d'une "architecture de défense collective et d'assistance mutuelle" dans un proche avenir.

L'article 6 de la Charte de l'Alliance dispose que toute atteinte à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'une des parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres, engageant ainsi une obligation d'assistance mutuelle, y compris l'usage de la force armée pour rétablir la sécurité.

En outre, les articles 5 et 8 de la Charte permettent à chaque partie de chasser ou de combattre les rebelles et les terroristes cherchant refuge sur son territoire. Cette alliance renforcée entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger peut être perçue comme une étape décisive pour la sécurité et la défense des populations de la région des "Trois frontières".

Un an après la création de l’AES, le défi sécuritaire demeure présent en dépit de réels succès comme le “déboulonnage” des rebelles du CSP (Cadre stratégique permanent pour la paix) de leur fief de Kidal.

La recrudescence des attaques terroristes est constante au Burkina Faso à l'image du carnage de Barsalogho le 26 août dernier. Plus d’une centaine de civils creusant des tranchées furent massacrés par les terroristes du GSIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, branche saharienne d’al-Qaida au Maghreb Islamique).

Le Mali a reconnu avoir subi un revers en fin juillet dernier dans la localité de Tinzaouatène près de la frontière algérienne.

Si aucun bilan officiel n’a été transmis, l’armée malienne a reconnu “un nombre important de morts”. Au Niger aussi, les incursions terroristes sont récurrentes. Entre janvier et juin 2024 les ONGs évaluent à 3000, le nombre total de victimes civiles dans les trois états.

La supposée implication de l'Ukraine dans la bataille de Tinzaouatène, survenue le 27 juillet 2024, a suscité de fortes tensions diplomatiques, notamment avec le Mali. Ce dernier a accusé Kiev d'avoir soutenu des groupes armés terroristes.

L’Ukraine est soupçonnée d’exporter en Afrique sa rivalité avec la Russie sur le continent, ce qui semble encourager les terroristes. Le CSP a reconnu l’usage des drones explosifs contre les Fama (Forces armées maliennes).

En attendant l'implémentation de l’"architecture de défense collective et d'assistance mutuelle", la sécurité demeure encore un réel défi pour les pays de l’AES, malgré l'assistance des soldats russes de Wagner.

La paix comme condition du développement

C’est au prix de la paix et de la stabilité que les pays de l’AES pourront mettre en exergue tout le potentiel économique du Liptako-Gourma, également connu sous le nom de la "zone des trois frontières". Cette région partagée par le Burkina Faso, le Mali et le Niger recèle des ressources naturelles comme l'or, le diamant, l'uranium, le manganèse, le gaz et le pétrole.

En attendant l'avènement des projets tels que la Banque d’investissement, le Fonds de stabilisation et les projets structurants dans les transports, les télécommunications et les TIC, Assimi Goita le président en exercice de l’AES a annoncé la mise en place imminente d’un passeport biométrique communautaire.

TRT Français et agences