Une élection présidentielle sera organisée en Tunisie le 6 octobre, a annoncé mardi le chef de l'Etat Kais Saied, au pouvoir depuis 2019 et dont le mandat de cinq ans expire à l'automne.
"Le président de la République a émis un décret ce jour, le 2 juillet 2024, convoquant les électeurs pour une élection présidentielle le dimanche 6 octobre 2024", a indiqué la présidence dans un communiqué.
M. Saied n'a pas annoncé s'il briguerait un nouveau mandat lors de ce scrutin.
Spécialiste de la Constitution, élu démocratiquement en octobre 2019, M. Saied s'est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, en limogeant son Premier ministre et gelant le Parlement.
Il a fait adopter une nouvelle Constitution par référendum à l'été 2022 instituant un nouveau système de deux chambres aux pouvoirs très limités: l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et un Conseil national des régions et des districts.
Cette révision constitutionnelle a fait passer la Tunisie d'un régime parlementaire à un système ultra-présidentialiste.
Depuis le printemps 2023, les principaux opposants ont été emprisonnés, notamment le chef du parti islamo-conservateur Ennahdha, Rached Ghannouchi, et la présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, nostalgique des régimes du héros de l'indépendance Habib Bourguiba et de Zine El Abidine Ben Ali, renversé lors du printemps arabe en janvier 2011.
Depuis son coup de force, Kais Saied dirige le pays par décrets.
A plusieurs reprises ces derniers mois, le président a ordonné le limogeage de divers ministres et hauts fonctionnaires.
Depuis février dernier, une vingtaine d'opposants et personnalités ont été emprisonnés et sont "accusés de complot contre la sûreté de l'Etat" et M. Saied les a qualifiés de "terroristes". Des ONG dont Amnesty International ont dénoncé "une chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques".
Ennahdha, bête noire de M. Saied, a dominé les coalitions des dix années qui ont suivi la révolution démocratique de 2011, ayant abouti à la chute de Ben Ali et donné le coup d'envoi des Printemps arabes dans toute la région.
La grave crise politique que traverse la Tunisie depuis le coup de force de M. Saied se double de graves difficultés économiques avec une croissance poussive (environ 2%), un taux de pauvreté en hausse (4 millions de Tunisiens sur 12 millions d'habitants) et un chômage très élevé (15%).