La décision contre Ghannouchi, arrêté dimanche, a été prise sur la base de “soupçons de complot contre la sécurité intérieure de l'État, après une enquête qui a duré huit heures”, a-t-elle ajouté.
L'avocate Monia Bouali a déclaré à Reuters que "la décision d'emprisonner Ghannouchi a été prise à l'avance, uniquement parce que ce dernier a exprimé son opinion".
La page officielle de Ghannouchi sur Facebook a publié un commentaire de sa part après la décision du juge : "Je suis optimiste pour l'avenir".
Mardi, les autorités tunisiennes ont interdit les réunions dans tous les bureaux du parti d'opposition Ennahda et la police a fermé le siège de la principale coalition d'opposition, le Front du salut.
Ennahda craint que cette mesure qui intervient un jour après l'arrestation par la police de Ghannouchi et de trois hauts responsables, n’ouvre la voie à l'interdiction du parti, a déclaré le parti.
Réactions internationales
Pour les États-Unis, ces arrestations représentent une "escalade inquiétante".
"Les arrestations par le gouvernement tunisien d'opposants et de critiques sont fondamentalement contraires aux principes que les Tunisiens ont adoptés dans une Constitution qui garantit de manière explicite la liberté d'opinion, de pensée et d'expression", a affirmé dans un communiqué mercredi le porte-parole du département d'État américain, Vedant Patel.
L'Union européenne, un partenaire clé de la Tunisie, a dit mardi suivre "avec beaucoup d'inquiétude les derniers développements" dans le pays, citant l'arrestation de M. Ghannouchi et la fermeture des locaux de son parti.
La France a pour sa part noté que cette interpellation "s'inscrit dans une vague d'arrestations préoccupantes", rappelant son "attachement à la liberté d'expression et au respect de l'État de droit".
Le ministère tunisien des Affaires étrangères a affirmé dans un communiqué publié mercredi soir en réaction aux déclarations françaises et européennes que "les lois de la République s'appliquent à tous les justiciables sans exception, avec toutes les garanties légales", et que "la justice s'exerce sereinement, sans être influencée par la vague de commentaires inappropriés et inadmissibles".