Le Front de salut national en Tunisie a appelé à la formation d'un "gouvernement de sauvetage" capable de faire face aux crises économiques et sociales du pays dans un communiqué de cette coalition politique, annoncée le 31 mai, et qui comprend cinq partis : Ennahdha, Qalb Tounes, la Coalition de la Dignité, le Mouvement tunisien de la volonté et de l'espoir, en plus de la campagne Citoyens contre le putsch en plus d'un certain nombre de parlementaires.
"L'autorité putschiste (en référence au régime de Kaïs Saïed) n'a pas d'autre politique économique hormis l'augmentation des prix et la suspension des recrutements", a déclaré Le Front.
Il a également pointé du doigt les "manquements commis par l'Etat dans l'approvisionnement en aliments de base, la négligence des institutions médiatiques (en les vendant au secteur privé) et dans la répression des protestations sociales".
La Tunisie est en proie à une crise économique, exacerbée par les répercussions de la pandémie de coronavirus, puis de la guerre russo-ukrainienne, qui a endommagé les secteurs de l'alimentation et du carburant dans le monde entier.
Le Front a exprimé son "soutien à tous les mouvements sociaux pacifiques", appelant "les autorités à respecter la liberté d'expression et de manifestation et à cesser de l'affronter par la force".
La coalition politique a souligné que "la situation économique est étroitement liée à la situation politique et à la nature du système existant".
Le Front de salut national a accusé le président Saïed de "n'avoir d'autre but que de rassembler tous les pouvoirs entre ses mains et de gouverner en contrôlant les appareils de l'Etat ce qui nécessite d'éliminer le système démocratique et non de le réformer comme il le prétend" en ajoutant que Saied "ne prêtait aucune attention à la situation économique et de vie des citoyens".
Aucun commentaire des autorités tunisiennes n'a été émis dans l'immédiat en réponse au communiqué du Front de salut national.
Les forces politiques en Tunisie, y compris le Front de salut national, considèrent les mesures exceptionnelles de Saïed comme un "coup d'État contre la Constitution de 2014 et une perpétuation du pouvoir individuel absolu", tandis que d'autres forces les voient comme un redressement du processus de la révolution de 2011 qui a renversé le président de l'époque, Zine El Abidine, Ben Ali.
La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Saïed a commencé à imposer des mesures d'exception, notamment le limogeage du gouvernement, la nomination d'un nouvel exécutif, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du Parlement, la promulgation de lois par décrets, l'adoption d'une nouvelle Constitution par référendum le 25 juillet dernier et la tenue d'élections législatives anticipées le 17 décembre prochain.
Quant à Saïed, qui a entamé en 2019 un mandat présidentiel de 5 ans, estime que ces mesures étaient "nécessaires et légales" pour sauver l'Etat d'un "effondrement total".