Dimanche, environ 9 millions de Tunisiens (sur 12 millions) sont invités à élire plus de 2.000
conseillers locaux sur environ 7.000 candidats, selon l'autorité électorale Isie.
Aux 2.155 conseillers élus (dont certains après un deuxième tour début 2024), s'ajouteront 279 porteurs de handicap, tirés au sort sur un millier de candidats. Des conseillers régionaux seront ensuite tirés au sort parmi les conseillers locaux puis voteront en leur sein pour désigner des conseillers de districts.
En haut de la pyramide, les 77 membres de la deuxième chambre au Parlement seront choisis par des votes des conseillers régionaux et de districts.
Ouverts depuis 08H00 locales, des bureaux de vote au centre de Tunis sont presque vides, a constaté l'AFP.
"Je n'ai jamais vu une affluence aussi faible lors des élections organisées en Tunisie depuis 2011", année marquant le début du Printemps arabe, a confié à l'AFP sous couvert d'anonymat le président d'un bureau de vote à Tunis.
"Je comprends les gens qui boudent ces élections", a dit à l'AFP Salah Habib, un sexagénaire qui vient de "voter pour marquer ma présence".
"Je n'ai rien compris de ce scrutin et je ne veux rien comprendre", a lancé de son côté Nadia Majer, une étudiante de 23 sortant d'une salle de sport.
La Haute autorité indépendante des élections (ISIE) annoncera les résultats préliminaires du premier tour le 27 décembre. Le second tour est prévu en février.
La Constitution que le président Kais Said a fait modifier par référendum à l'été 2022, institue un Parlement de deux chambres: l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et un Conseil national des régions et des districts. L'ARP, aux pouvoirs très limités, a pris ses fonctions au printemps 2023 après des législatives boycottées par l'opposition et massivement boudées par les électeurs (11% de participation).
L'investiture de la deuxième chambre est prévue en juin 2024, au terme d'un processus complexe de scrutins locaux et tirages au sort. Ce Conseil se prononcera sur le budget de l'Etat et des projets de développement régional.
L'opposition a appelé à boycotter un vote "illégal" et "imposé", selon elle, par le président Saied pour parachever son processus "autoritaire".
Depuis février, les autorités ont incarcéré plus d'une vingtaine d'opposants, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi et le cofondateur du Front de salut national --principale coalition d'opposants-- Jawhar Ben Mbarek, ainsi que d'anciens ministres et hommes d'affaires.
Plus de 260 personnalités tunisiennes ont signé une pétition nationale pour s'opposer à un scrutin "inutile", estimant que le pouvoir "continue de mettre en oeuvre son projet politique imposé aux Tunisiens".
Ces élections visent, selon les signataires, à "affaiblir le pouvoir local, à le disperser, et à en faire un autre instrument docile entre les mains du pouvoir exécutif".