Une délégation diplomatique de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est à Lomé au Togo depuis lundi, pour dialoguer avec les différents acteurs politiques, alors que le pays est en proie à des tensions politiques suite à l’adoption d’une nouvelle Constitution, fin mars, par les députés.
Conduite par Maman Sambo Sidikou, ancien chef de la mission de l’Union africaine au Mali et au Sahel, la délégation de la Cedeao qui séjournera à Lomé pendant cinq jours, du 15 au 20 avril, espère désamorcer la crise née de la récente réforme constitutionnelle.
Des députés togolais dont le mandat a expiré en décembre 2023, ont voté nuitamment le 25 février dernier, une loi qui change le régime du pays de présidentiel à parlementaire. Un changement qui a suscité la colère de l'opposition et de la société civile. Le nouveau texte a été validé par 89 députés sur les 91 que compte l’Assemblée nationale. Il n’ a recueilli qu’une voix contre et une abstention. Le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR), est largement majoritaire à l’Assemblée nationale togolaise.
La constitution actuelle, puisque la nouvelle n’est pas encore entrée en vigueur, stipule en son article 59 que le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois.
Dans le nouveau texte, le pouvoir résidera entre les mains d'un "président du conseil des ministres", sorte de Premier ministre "désigné" par les députés, en charge des fonctions régaliennes. Le président sera choisi “sans débats” par le Parlement pour “un mandat unique de six ans”, sans qu'il soit précisé s'il sera renouvelable ou non.
C’est bien ce point qui inquiète et intrigue l'opposition qui craint que Faure Gnassingbé ne soit nommé à cette fonction, assurant ainsi son maintien au pouvoir pour une durée indéfinie.
Le président Faure Gnassingbé a succédé sans élection à son père en 2005 et a, depuis, été réélu dans des scrutins toujours contestés par l’opposition. Son père, lui, a régné 38 ans. La famille est donc à la tête du Togo depuis 57 ans.
On se souvient que le président de la Commission de l’Union africaine en 2005, Alpha Omar Konare, avait parlé de “coup d’État”. Le président en exercice de l'UA de cette période - le Nigérian, Olusegun Obasandjo - affirmait de son côté que "l'Union africaine n'acceptera aucun transfert anticonstitutionnel du pouvoir au Togo".
Du coup, la tension est montée dans le pays.
Six opposants togolais ont été incarcérés à Lomé pour "troubles à l'ordre public", alors qu’ils distribuaient des tracts contre la nouvelle constitution. Ils ont été remis en liberté cinq jours après.
L’opposition a promis de maintenir les manifestations prévues ce vendredi 19 avril et samedi 20 avril, malgré l’interdiction des autorités.
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