Avant la guerre, ce francophone était responsable du département de français à l’université Al-Aqsa de Gaza, et coordinateur du Centre de la paix de cette université. Il est resté à Gaza pendant toute la guerre. Ce week-end il n’a retrouvé que des ruines.
Un responsable de la sécurité à Gaza a indiqué à l'AFP que "plus de 200.000 déplacés étaient retournés à Gaza-ville dans les deux premières heures". Les photos montrent une file ininterrompue de personnes avec un bagage, un sac à dos qui, à pied, remontent vers le Nord sur la route côtière qui longe la Méditerranée.
Ziad Medoukh a fait le voyage vers la ville de Gaza ce week-end. Tout au long de cette guerre, il a écrit son quotidien. Ses déplacements quotidiens chez des amis ou de la famille pour y dormir une nuit, deux nuits.
Il a regretté la perte de ses 3000 livres en français disparus sous les bombes israéliennes. Il a raconté la perte de ses documents, ses recherches, son ordinateur, mais aussi la faim et le manque d’eau auxquels il a dû faire face. Il raconte la faim et comment il se contente d’un repas par jour, voire d’un repas tous les deux jours.
Il y un an, il écrivait ceci: “J'apprends chaque jour l'assassinat de mes cousins, proches, amis, collègues, voisins et étudiants, ça me rend très triste car je suis impuissant et je ne peux pas dire un mot de condoléances à leurs familles. Le sentiment d'impuissance est horrible“.
Puis il y a eu le silence et beaucoup de ses contacts étaient inquiets. Il est réapparu sur Facebook avec ce témoignage ce week-end.
Mon appartement a été détruit totalement comme tout l'immeuble
Tout le quartier
Et toute la ville
Horrible et insupportable !
Ma maison est partie
Avec tant de rêves et de souvenirs
Mon coeur est brisé
La maison ce n'est pas uniquement béton et pierres
C'est une vie, efforts, sacrifices et longues années d'espérance
Sur la route des ruines et des destructions massives
Sur le bord il reste du sang collé au mur
Gaza s'envole dans la poussière
Ce cimetière à ciel ouvert existe toujours malgré quinze mois d'horreur absolue
Enfin quelques moments de tranquillité sans bombes
On pourra finalement regarder les étoiles la nuit sans avoir peur de leurs avions militaires
Mais combien de temps ça va durer ?
Une respiration dans l'atmosphère étouffante
Ici ma terre, ici mes racines, je ne partirai pas
Je resterai toujours au milieu des ruines de Gaza en toute dignité
Et nous allons de nouveau reconstruire cette ville magnifique
Gaza la belle et Gaza la lumineuse
Notre puissance est dans notre attachement à notre terre
Nous sommes convaincus que justice vaincra et paix arrivera
Espérons toujours
Puisse cet espoir trouver son chemin !
Amitiés de Gaza la dévastée, Gaza la détruite
Mais Gaza la vie et Gaza l'espoir.