Riyad Mansour, submergé par l’émotion, a évoqué les derniers mots de Mahmoud Abu Nujaila, un médecin de Médecins Sans Frontières (MSF). Ce dernier, avant sa mort dans une frappe israélienne en 2023, avait inscrit ces phrases sur un tableau de planification des chirurgies : “Celui qui reste jusqu’à la fin racontera l’histoire. Nous avons fait ce que nous avons pu. Souvenez-vous de nous”.
Selon Front Line Defenders (FLD), une organisation internationale de défense des droits humains basée à Dublin, Nujaila était un défenseur engagé, médecin dévoué et travailleur humanitaire auprès de MSF.
Un médecin sur la ligne de front
“Lors des hostilités israéliennes à Gaza en 2023, Mahmoud Abu Nujaila s’est tenu en première ligne, soignant les blessés au péril de sa vie dans des conditions extrêmement dangereuses” a déclaré FLD.
Le 21 novembre 2023, Nujaila a été tué dans une frappe aérienne israélienne qui a ciblé l’hôpital Al Awda, l’un des derniers établissements encore partiellement fonctionnels dans le nord de Gaza. Deux autres médecins et défenseurs des droits humains ont également été abattus lors de cette attaque.
"Il se trouvait dans l’établissement en train de traiter des patients lorsque les troisième et quatrième étages ont été ciblés. L’hôpital était l’un des derniers encore partiellement fonctionnels dans le nord de Gaza", a précisé FLD.
"Mettons fin à cet enfer"
Riyad Mansour a appelé le Conseil de sécurité à agir de manière urgente pour mettre fin au génocide en cours.
“C’est notre responsabilité collective de mettre fin à cet enfer. C’est notre responsabilité collective de mettre fin à ce génocide” a-t-il lancé.
Il a exhorté les membres du CSNU : “Vous avez l’obligation de sauver des vies. Les médecins palestiniens et le personnel médical ont pris cette mission à cœur, au péril de leur existence. Ils n’ont pas abandonné les victimes. Ne les abandonnez pas. Mettez fin à l’impunité israélienne. Mettez fin au génocide. Mettez fin à cette agression immédiatement, sans condition, et maintenant”.
Les hôpitaux de Gaza pris pour cible
Vendredi, plusieurs membres du CSNU ont dénoncé les attaques israéliennes visant les hôpitaux de Gaza.
“Le ciblage délibéré des hôpitaux, du personnel médical, des patients et des blessés viole tous les principes du droit humanitaire et ne peut être justifié d’aucune manière”, a déclaré Asim Iftikhar, représentant du Pakistan à l’ONU.
Cette réunion faisait suite à l’invasion de l’hôpital Kamal Adwan la semaine précédente, ainsi qu’à l’arrestation arbitraire de son directeur, Hussam Abu Safiya.
Un bilan bien plus lourd que les chiffres officiels ?
Le génocide en cours à Gaza, qui dure depuis 456 jours, a causé la mort de plus de 45 658 Palestiniens et en a blessé 108 583 autres. Au Liban voisin, les frappes israéliennes ont tué 4 048 personnes depuis octobre 2023, en violation flagrante de l’accord de trêve du 27 novembre.
Environ 11 000 Palestiniens seraient toujours ensevelis sous les décombres, tandis que 10 000 autres auraient été enlevés par Israël et placés dans des centres de détention.
Des experts estiment que ces chiffres officiels pourraient être bien en deçà de la réalité, le nombre réel de Palestiniens tués étant potentiellement proche de 200 000.
La guerre menée par Israël a provoqué une destruction massive et le déplacement de 90% de la population de Gaza, soit 2,4 millions de personnes. Avec l’arrivée de l’hiver, des centaines de milliers d’entre elles vivent désormais sous des tentes près de la mer.
Israël est accusé de génocide envers les Palestiniens à Gaza devant la Cour internationale de Justice, tandis que la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre les hauts dirigeants israéliens, y compris le Premier ministre Benjamin Netanyahu.