"Cela fait quatre jours que nous vivons sans électricité et notre situation est difficile (...) Nous sommes des victimes d'une guerre dans laquelle nous ne sommes pas impliqués. Personne ne se soucie du sort des civils", a déclaré Othman Hassan, 48 ans, habitant de la banlieue sud de Khartoum.
Malgré de nombreuses annonces de cessez-le-feu, les deux camps continuent de se disputer des territoires dans la capitale soudanaise.
Les deux dirigeants ont montré peu d'enthousiasme à l'idée de tenir des pourparlers, après plus de deux semaines de combats.
Un témoin a déclaré à Reuters que d'intenses échanges de tirs avaient été également entendus dans la ville voisine de Bahri, où des avions volaient dans le ciel.
Les combats ont fait plusieurs centaines de victimes, déclenchant une crise humanitaire et ont forcé de nombreux habitants à fuir le Soudan vers des pays frontaliers, risquant de déstabiliser davantage une région déjà agitée.
Dans la ville de Khartoum, des usines, des banques et des commerces ont été pillés ou vandalisés. L'eau et l'électricité manquent et certains habitants ont rapporté des hausses de prix et des pénuries concernant certains biens de consommation.
"En utilisant des armes imprécises dans des zones urbaines habitées, les forces armées impliquées dans le conflit ne portent aucune attention aux vies des civils", a déclaré Mohamed Osman, de Human Rights Watch Soudan, dans un rapport sur les dommages causés aux hôpitaux et stations d'épuration d'eau par le conflit.
Une des maternités les plus importantes du pays, située dans la ville d'Omdourman, a été pillée et occupée par des forces militaires, a indiqué jeudi l'Union soudanaise des docteurs.
Au total, 17 hôpitaux ont été endommagés par les combats et vingt établissements ont dû être évacués depuis le début du conflit. Soixante des 88 hôpitaux de Khartoum sont hors service ou partiellement actifs, rapporte l'organisation.
Les deux forces, alliées lors du coup d'Etat militaire mené en 2021, avaient partagé le pouvoir dans le cadre d'une transition vers des élections libres et un gouvernement civil.
Aides humanitaires et nourritures pillées
Le coordonnateur des secours d'urgence de l'Onu, Martin Griffiths, a indiqué qu'il espérait s'entretenir individuellement avec les leaders des deux factions pour obtenir des garanties sur la mise en place de convois humanitaires pour délivrer de l'aide médicale.
Entre 13 et 14 millions de dollars (11,8 et 12,7 millions d'euros) de nourriture ont été dérobés, selon les estimations du Programme alimentaire mondial (PAM).
Près de 100.000 personnes ont fui le Soudan vers des pays frontaliers, selon les Nations unies.
Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a appelé vendredi les gouvernements de ces pays à accepter ces civils sur leur territoire.
"Nous conseillons aux gouvernements de ne pas renvoyer les gens vers le Soudan à cause du conflit qui s'y déroule", a déclaré Elizabeth Tan, directrice de la division de la protection internationale du UNHCR.
"Il est probable que, parmi les réfugiés, il y ait un haut besoin de protection internationale", a-t-elle ajouté.
Plus de 56.000 personnes sont entrées en Egypte depuis le 4 mai, dont 52.500 Soudanais, selon le UNHCR, citant des chiffres du ministère égyptien des Affaires étrangères.
Le UNHCR a estimé qu'il pourrait y avoir jusqu'à 860.000 réfugiés depuis le Soudan et a annoncé avoir besoin de 445 millions de dollars pour soutenir les déplacés jusqu'en octobre.
"La situation humanitaire au Soudan et dans la région est tragique, avec des pénuries d'eau, de nourriture et d'essence, limitant l'accès aux transports, aux communications et à l'électricité et poussant à une flambée des prix des articles de première nécessité", a déclaré Raouf Mazou, Haut-Commissaire assistant chargé des opérations du UNHCR.