Sept ans après l'incendie de Grenfell, le gouvernement britannique présente ses excuses

Sept ans après l'incendie de Grenfell, le gouvernement britannique présente ses excuses

Un rapport d’enquête met en avant la "malhonnêteté systématique" des entreprises de matériaux de construction.
UK inquiry into deadly 2017 Grenfell fire to publish second report / Photo: Reuters (Reuters)

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a présenté mercredi ses excuses "au nom de l'Etat" aux victimes de l'incendie de la tour Grenfell à Londres, qui avait fait 72 morts en 2017.

"Cela n'aurait jamais dû arriver", a-t-il déclaré depuis le parlement, en présentant ses excuses "au nom de l'Etat britannique".

"Le pays a manqué à son devoir le plus fondamental: vous protéger, vous et vos proches, les personnes que nous sommes censés servir. Et j'en suis profondément désolé", a-t-il dit, peu après la publication d'un rapport d'enquête accablant pour le gouvernement et pour certains secteurs de la construction.

Les 72 décès de l'incendie de la tour Grenfell à Londres en 2017, pire incendie résidentiel en Grande-Bretagne depuis la Seconde Guerre mondiale, auraient "tous pu être évités", a déclaré mercredi le président de l'enquête, Martin Moore-Bick.

"La simple vérité est que les décès qui se sont produits auraient tous pu être évités, et que ceux qui vivaient dans la tour ont été gravement trahis pendant des années (...) par ceux qui étaient responsables de la sécurité du bâtiment et de ses occupants", a déclaré cet ancien juge à la retraite en présentant les conclusion de l'enquête.

Des décennies de défaillances

La catastrophe de Grenfell a été le résultat de "décennies de défaillances" de la part du gouvernement et d'organismes du secteur de la construction, selon un rapport d'enquête accablant publié mercredi.

Le feu avait mis moins d'une demi-heure à se propager à l'ensemble de cette tour de 24 étages occupée par des familles généralement modestes, dans l'ouest de Londres.

Le gouvernement s'assurera que cela "ne puisse plus jamais se reproduire", a promis le Premier ministre Keir Starmer.

Cet incendie est "l'aboutissement de décennies de défaillances du gouvernement central et d'autres organismes occupant des postes à responsabilité dans le secteur de la construction", conclut le rapport.

Le rapport met également en avant la "malhonnêteté systématique" des entreprises de matériaux de construction. Elles ont adopté "des stratégies délibérées (...) pour manipuler le processus de test, déformer les données et tromper le marché", accuse le rapport.

Les parents endeuillés et les survivants ont indiqué espérer que l'enquête leur apporte la "vérité que nous méritons" (Reuters)

Le droit à la vérité

Les pompiers de la London Fire Brigade font également l'objet de vives critiques, les officiers supérieurs étant décrits comme "complaisants".

Ils n'ont pas tiré les leçons d'un précédent incendie survenu en 2009 et qui "aurait dû alerter" le service "sur les lacunes de sa capacité à lutter contre les incendies dans les immeubles de grande hauteur".

L'objectif de l'enquête était de comprendre comment un incendie, de faible magnitude au départ, a pu se propager aussi rapidement.

Les parents endeuillés et les survivants ont, pour leur part, indiqué espérer que l'enquête leur apporte la "vérité que nous méritons".

Pour certains, cela signifie une peine de prison pour ceux qui "ont pris des décisions plaçant le profit au-dessus de la sécurité des gens".

La police de Londres a prévenu qu'elle ne pourrait rendre son rapport avant la fin de l'année 2025.

Les procureurs auront ensuite besoin d'un an pour décider d'éventuelles poursuites pénales.

Agences