M. Sonko a été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible en l'état, selon ses avocats et des juristes. L'opposant a par ailleurs été le 8 mai condamné à six mois de prison avec sursis lors d'un procès en appel pour diffamation, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour la présidentielle. Mais il n'a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême.
"Nous allons choisir une autre date (pour le meeting d'investiture). Macky Sall est toujours dans une entreprise de liquidation de Pastef (son parti) et pour m'empêcher d'être candidat" à la présidentielle, a déclaré vendredi soir M. Sonko, dans des adresses en ouolof et en français sur la chaîne de son parti, en allusion à l'interdiction de son congrès d'investiture.
Le gouverneur de Dakar a annoncé jeudi dans un communiqué l'interdiction de ce rassemblement, prévu initialement samedi après-midi dans un stade dans la banlieue de Dakar, pour "risques de troubles à l'ordre public".
A la place du meeting d'investiture, M. Sonko a appelé vendredi soir à "organiser samedi soir, de 20H30 à 21H00 (locales et GMT), un concert de casseroles, de klaxons et de pétards, une manière pacifique de manifester sa désapprobation, lancer un message de paix au président Macky Sall et lui demander de quitter le pouvoir dans la paix".
Le président Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, a annoncé début juillet qu'il ne se présentera pas à la présidentielle de 2024.
M. Sonko, qui a parfois appelé à passer outre les interdictions de manifester, a également appelé à "arborer une couleur rouge" pour protester et "poser des actes forts pour la paix".
"Je reste éligible"
En dépit des procédures judiciaires, "je reste éligible" à la présidentielle de 2024, a dit M. Sonko. Il a dénoncé une nouvelle fois le blocus de son domicile à Dakar "depuis le 28 mai" par les forces de sécurité, une situation qui le met selon lui de fait "en prison".
Il s'exprimait au lendemain de son investiture par son parti. "A l'issue d'un processus d'investiture transparent et démocratique, Ousmane Sonko, jouissant de l'intégralité de ses droits civils et politiques, est désigné à l'unanimité des suffrages exprimés, candidat de PASTEF-Les Patriotes pour l'élection présidentielle du 25 février 2024", a indiqué sa formation dans un communiqué transmis vendredi à l'AFP.
L'investiture de M. Sonko a eu lieu jeudi lors d'une réunion de la Haute autorité de régulation du parti (HARP), un organe de Pastef, qui a validé les décisions issues des délégués des 46 départements du Sénégal et de la diaspora, dit le communiqué.
"Nul ne peut empêcher l'investiture du Président Ousmane Sonko ainsi que sa participation à l'élection présidentielle", affirme le communiqué de Pastef.
Le 6 juillet, l'opposant a promis un "chaos indescriptible" s'il est empêché d'être candidat à la présidentielle, dans un entretien sur la chaîne France 24. Sa condamnation a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait 16 morts selon les autorités, une trentaine selon l'opposition.
La justice sénégalaise a par ailleurs annoncé vendredi avoir lancé un mandat d'arrêt international contre Juan Branco, avocat français de M. Sonko, pour des "crimes et délits" en lien avec les troubles survenus début juin au Sénégal.
Juan Branco avait annoncé le 22 juin avoir déposé une plainte en France et une demande d'enquête à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye contre le président sénégalais Macky Sall pour "crimes contre l'humanité", après les violentes manifestations.
Le collectif des avocats de M. Sonko a "exprimé avec fermeté (sa) vive indignation à l'égard d'une dérive de cette nature à l'encontre de notre confrère Juan Branco", dans un communiqué publié vendredi soir à Dakar, en réaction à l'annonce de la justice sénégalaise contre leur confrère.