Treize ans après la révolution du Jasmin, les revendications des Tunisiens restent toujours les mêmes: avoir un meilleur pouvoir d’achat, un taux de chômage bas et une politique démocratique.
L’économie tunisienne est au bord du gouffre laissant de nombreux jeunes sans emploi: le taux de chômage est à 18,4% et l’endettement public atteint 90 % du PIB.
Le pays traverse également une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle le président Saïed a commencé à imposer des mesures d'exception, notamment le limogeage du Premier ministre, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature, la promulgation de lois par décrets, l'adoption d'une nouvelle constitution par référendum le 25 juillet dernier et la suspension du Parlement dominé par le parti Ennahda avant de le dissoudre fin mars. Des partis politiques tunisiens considèrent les mesures d’exception de Saïed comme un "coup d'Etat contre la Constitution de 2014 et une consécration du pouvoir autocratique".
Depuis février 2023, plus d'une vingtaine d'opposants, d'hommes d'affaires et d'autres personnalités, qualifiés de "terroristes" par M. Saied, sont emprisonnés pour "complot contre la sécurité intérieure".
"Les candidats sont en prison ou ont été menacés pour les empêcher de se présenter, l'autorité électorale est sous le contrôle (du président) (...), les journalistes sont harcelés et poursuivis en justice", a déclaré à la presse Ahmed Nejib Chebbi, chef du Front de salut national (FSN), principale coalition de l'opposition en Tunisie.
La Tunisie occupait en 2023 le 121e rang sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Elle a perdu ainsi 27 places par rapport au classement de 2022 et rejoint les pays dont la situation est "difficile".
La crise politique inquiète aussi les ONG tunisiennes et internationales qui déplorent une régression des libertés. "Depuis l'accaparement du pouvoir par le président, les autorités ont poursuivi sur la voie de la répression en emprisonnant des dizaines d'opposants politiques et de détracteurs du régime, bafoué l'indépendance du pouvoir judiciaire (et) supprimé des garanties institutionnelles en matière de droits humains", a dénoncé Amnesty International dans un rapport.
Révolution du jasmin
Sous une forte pression de la rue, appelant notamment à la liberté, à une meilleur économie et au développement équitable, le président Zine el-Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis le 7 novembre 1987, a quitté la Tunisie, sans jamais y revenir, jusqu'à son décès en Arabie Saoudite le 19 septembre 2019. La révolution tunisienne, parfois appelée "révolution du jasmin", est une suite de manifestations et de sit-ins durant quatre semaines entre décembre 2010 et janvier 2011. Plus de 330 personnes sont mortes et 2 174 autres blessées dans ces protestations. La révolution avait commencé par le suicide par immolation d'un vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, une ville dans l'arrière-pays déshérité.