Le Moyen-Orient accueille pour la deuxième fois consécutive la conférence des Nations unies sur le climat au cours des deux prochaines semaines, les pays espérant un 'accord sur de nouveaux moyens d'empêcher l’accélération du réchauffement de la planète d'ici la fin du siècle.
Les Émirats arabes unis, pays hôte, des doutes en tant que pays pétrolier, quant à leur pleine contribution à mettre fin à une crise climatique due en grande partie à l'utilisation de combustibles fossiles. Voici un aperçu du contexte, des enjeux et des défis de la COP28.
Ce qui s'est passé depuis la dernière conférence
Le monde s'est réchauffé depuis la conférence de l'année dernière en Égypte. Certains experts estiment que 2023 est d’ores et déjà l'année la plus chaude jamais enregistrée. L'hémisphère nord a connu des records de chaleur cet été, et le Brésil, où ce n'est pas encore l'été, a enregistré ce mois-ci des records de chaleur et d'humidité.
"Pratiquement le monde entier connaît des vagues de chaleur", a déclaré Petteri Taalas, directeur de l'agence météorologique des Nations unies, au début du mois.
Il apparaît de plus en plus clairement que le monde, en particulier les pays en développement, est de moins en moins bien préparé : cette année, la mousson en Inde a causé près de 1,5 milliard de dollars de dégâts matériels. En septembre, la tempête tropicale Daniel a provoqué des inondations meurtrières en Libye. Le mois dernier, l'ouragan Otis s'est abattu sur le Mexique, faisant craindre au gouvernement une réaffectation d’une partie des ressources d’aide de la population à la t reconstruction.
Même si des épisodes de froid extrême réapparaissent, comme celui qui touche actuellement le nord de l'Europe, la tendance générale est à l'augmentation des températures moyennes de la planète.
Quels sont les enjeux de cette COP ?
Peu d'experts et de décideurs politiques s'attendent à une grande avancée cette année.
La combustion d’énergies fossiles, qui rejette du carbone dans l'atmosphère, reste la principale cause du réchauffement de la planète, et la production continue d'augmenter. Les défenseurs du climat affirment que la cadence d efforts déployés pour développer les énergies éolienne, solaire et 'autres énergies alternatives n’est pas assez rapide.
L'accord de Paris sur le climat de 2015 a fixé comme objectif de limiter la hausse des températures mondiales à 1,5 degré Celsius (2,7 Fahrenheit) depuis le début de l'ère industrielle - et le monde est jusqu'à présent loin du compte.
De nombreux experts estiment que pour parvenir à cet objectif, la production de carbone dans l'atmosphère doit atteindre son maximum l'année prochaine et diminuer de près de la moitié d'ici à 2030.
Les pays occidentaux font partie de ceux qui affichent l'ambition de tripler la capacité des énergies renouvelables et de doubler l'efficacité énergétique d'ici là. Les associations de défense des droits de l'Homme affirment que c'est là une façon d'arrondir les angles et d'éluder le problème principal : réduire la combustion du charbon, du pétrole et du gaz.
L'un des débats portera sur la question de savoir s'il faut "réduire" ou "supprimer" les émissions de gaz à effet de serre : les pays accepteront-ils de réduire progressivement l'utilisation des combustibles fossiles, comme le souhaitent certains, ou de les supprimer complètement ?
Le réchauffement de la planète a de vastes implications : il peut bouleverser les économies locales, aggraver les conditions météorologiques, pousser les gens à émigrer et causer des dégâts aux peuples autochtones qui veulent conserver leurs cultures traditionnelles, entre autres conséquences.
À Dubaï, un autre défi consistera à mobiliser des fonds pour permettre aux pays les plus pauvres de se préparer et de réagir aux catastrophes liées au climat. L'année dernière, la création d'un "fonds pour les pertes et les dommages" a été une grande réussite, mais il a été difficile de trouver comment l’alimenter.
Quels participants?
Le roi Charles d’Angleterre rejoindra le Premier ministre indien Narendra Modi, le tsar américain du climat John Kerry et le chancelier allemand Olaf Scholz pour ce qui est, selon les organisateurs, la plus grande conférence des parties jamais organisée. Le pape François avait prévu d'être présent, mais il a annulé sa participation sur ordre du médecin, sa convalescence pour problèmes respiratoires, se prolongeant.
Sultan al Jaber, directeur de la compagnie pétrolière nationale d'Abou Dhabi, présidera la COP28. Nombreux sont ceux qui veulent savoir si les États du Golfe comptent débloquer davantage de fonds pour aider les pays en développement à pallier la crise climatique et adopter des technologies plus écologiques.
Quels défis à relever ?
À chaque COP, les espoirs se heurtent à la réalité. Comme l'année dernière, où l'offensive militaire russe en Ukraine a pesé sur les efforts de lutte contre la crise climatique, cette année, de nombreux regards sont tournés vers le Moyen-Orient, vers la guerre d'Israël contre Gaza.
L'un des défis sera de raviver l'attention sur les questions climatiques, qui s'estompent souvent après la fin des vagues de chaleur.
Dernièrement le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s'est rendu dans l'Antarctique pour mettre en lumière les inquiétudes liées à la fonte des glaces. De nombreuses entreprises s'intéressent à la COP28 : la société agroalimentaire américaine Cargill, par exemple, a annoncé cette semaine un "engagement accéléré" pour mettre fin à la déforestation au Brésil, en Argentine et en Uruguay - les critiques ont soutenu qu'elle n'en avait pas fait assez..
Les pays en développement veulent bénéficier des mêmes conditions dont les pays riches jouissent depuis longtemps, souvent en produisant d'énormes quantités de carbone. Les achats de SUV gourmands en essence et de grosses voitures augmentent dans le monde entier, alors même que les véhicules électriques font de plus en plus d'adeptes.
Cependant, les pressions inflationnistes qui ont fait grimper le coût de la vie au cours des derniers mois ont rendu moins attrayants les achats de technologies plus propres, souvent plus coûteuses, et de nombreux consommateurs ont exigé une baisse des prix de l'essence. De nombreux pays continuent de subventionner les coûts des carburants pour limiter la pression sur les portefeuilles.
Les gouvernements des pays en développement veulent être aidés à lutter contre les conséquences d'un réchauffement qui les touche particulièrement durement et dont ils ne sont pas ou peu responsables.
Dans un monde de plus en plus polarisé, les pays riches tenteront de marquer des points politiques au sein de la communauté internationale, que ce soit en distribuant des aides ou en partageant le savoir-faire de leurs moteurs économiques avec les pays dans le besoin, sans oublier leurs électeurs dans leur pays.
Les défenseurs du climat souhaitent que les décideurs des ces pays-là rendent compte de leurs engagements passés, nobles mais non tenus, et qu'ils fassent pression pour que de Tokyo à Tombouctou en passant par Tegucigalpa, ils montrent de davantage d'ambition pour changer le mode de vie sur Terre, de manière générale.