L'armée israélienne vient de franchir un autre seuil dans la guerre d’extermination qu’elle mène depuis le 7 octobre dernier contre les Palestiniens à Gaza.
Depuis plus de deux semaines, le nord de la bande de Gaza est coupé de toute sorte de ravitaillement. Au moins 400 000 Palestiniens sont ainsi privés de nourriture, eau et fournitures humanitaires. Les secouristes y sont aussi interdits d'accès, malgré les bombardements quotidiens ciblant les hôpitaux et les bâtiments servant d’abris à la population.
Les camps de réfugiés de Beit Hanoun, Beit Lahia et Jabalia constituent l'épicentre de cette opération d’envergure.
"Pendant 10 jours ( au 14 octobre 2024, ndlr) l'armée israélienne maintenait un état de siège et continuait à bombarder le nord de la bande de Gaza, empêchant l'entrée de nourriture, de l'eau et du carburant, ce qui a aggravé la crise humanitaire", a rapporté un témoin joint par l’agence de presse Anadolu.
Des digues de terre
L'armée israélienne, précise la même source, “a construit des digues de terre pour empêcher les Palestiniens de se déplacer vers la ville voisine de Gaza et pour les pousser à fuir par une seule issue, celle de l'avenue Salah al-Din, dans le but de vider le nord de la bande de Gaza de ses habitants".
"Les cadavres étaient éparpillés sur la voie publique et sous les décombres des maisons détruites, en raison de l'incapacité des ambulances et des équipes de la protection civile à les atteindre et à les évacuer", a poursuivi cette source.
Qui pis est, Israël continue de bloquer l’acheminement de l'aide humanitaire vers le nord de la Bande de Gaza, dans un contexte d'offensive majeure sur cette zone, déplore Philippe Lazzarini, commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
“Les autorités israéliennes continuent d'empêcher les missions humanitaires de rejoindre le nord avec des fournitures essentielles, notamment des médicaments et de la nourriture pour les personnes assiégées”, a déclaré Philippe Lazzarini, dans un communiqué.
A l’observation, Israël semble exécuter une “extermination massive dans le nord de la bande de Gaza”, rapporte le journaliste et éditorialiste israélien Meron Rapoport.
Il cite dans ce sens Uzi Rabi, chercheur et universitaire à l'université de Tel-Aviv qui déclarait, le 15 septembre, aux médias israéliens : “ Délogez toute la population civile du nord, et quiconque y demeurera sera légalement condamné comme terroriste et soumis à un processus de famine ou d’extermination”.
Convaincue qu’il n’y a plus de lieux sûrs à Gaza, une partie de la population résiste encore aux ordres de déplacement de l'armée israélienne, en dépit de la famine et de l'insécurité. Mais pour combien de temps encore?
L’intensification du siège du nord de l’enclave palestinienne pourrait servir de test pilote qu'Israël reproduirait dans les principales localités de Gaza, avant d'implémenter une nouvelle gestion du territoire.
Du reste, un groupe d'universitaires a déjà formulé une série de recommandations dans ce sens.
Pour Aboul Gheit, le secrétaire général de la Ligue arabe, il ne fait aucun doute que “le but de l'opération israélienne est de séparer le nord de Gaza du reste de la bande, de le vider complètement de ses habitants et de mettre en œuvre le plan de déplacement.”