Bruxelles a décidé d’ajouter mardi aux 10 % de droits de douane déjà en place une surtaxe allant jusqu’à 35 % sur les véhicules à batterie de fabrication chinoise. La décision doit être publiée ce mercredi au Journal officiel de l’UE et entrer en vigueur dès jeudi.
La Commission européenne accuse la Chine de pratiques commerciales déloyales étant donné que les voitures électriques chinoises bénéficient d’aides publiques importantes, selon la Commission et peuvent de ce fait être proposées à prix cassé en Europe.
La situation de l’industrie automobile européenne explique aussi la décision de Bruxelles. Les ventes de voitures sont en baisse, et celles de voitures électriques n’échappent pas à cette tendance depuis la fin de l’année 2023 malgré de bonnes ventes après le Covid.
Les constructeurs européens ont tiré la sonnette d’alarme en septembre dernier d’autant qu’il sera impossible de vendre des voitures à moteurs à essence ou diesel dans l'UE après 2035. L'industrie pèse 7 % du PIB de l'UE et emploie 14 millions de personnes.
La Chine concurrence les constructeurs européens
L’Europe est inquiète de l’avancée chinoise sur son marché. Il y a trois ans, les voitures électriques chinoises représentaient 3% du marché, elles capitalisent 14% aujourd'hui selon l’UE.
Cette avancée fulgurante s’explique en deux points, Les voitures électriques chinoises ont, selon Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, un coût 30% moins élevé que les véhicules proposés par les constructeurs allemands ou français et proposent également des options plus perfectionnées que celles produites en Europe.
En fait, l'industrie chinoise cherche à exporter plus pour compenser un marché intérieur surchargé, et pour cela elle est prête à baisser les prix, à tel point que certains ports européens stockent sur d’immenses parkings des voitures chinoises qui attendent les commandes.
La Chine a indiqué avoir saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) après la décision jugée "protectionniste" de l’Union européenne, a indiqué un porte-parole du ministère chinois du Commerce dans un communiqué. Ces surtaxes peuvent être supprimées à tout moment si un accord est trouvé avec la Chine, a répondu Bruxelles.
Les surtaxes ont reçu le soutien de dix Etats membres dont la France, l’Italie et la Pologne. L’Allemagne était férocement contre, notamment parce que les marques allemandes travaillent beaucoup en Chine.