Une information révélée par le journal Libération : cinq eurodéputés écologistes ont saisi la Commission européenne afin d’ouvrir une enquête sur les pratiques anticoncurrentielles du plus puissant conglomérat d’Outre-mer, le groupe Hayot (GBH). Ce groupe commercial a une position dominante en Outre-mer, notamment dans la grande distribution aux Antilles.
Dans une lettre adressée à la vice-présidente de la Commission européenne, chargée notamment de la concurrence, l’Espagnole Teresa Ribera, les eurodéputés rappellent que les prix sont en moyenne 40% plus élevés aux Antilles qu’en métropole, un écart qui peut atteindre 78% en Nouvelle-Calédonie.
Les députés poursuivent en rappelant que “le droit de l’Union en matière de transparence et de publication des comptes des entreprises, de bon fonctionnement du marché intérieur ainsi que de concurrence pourrait aujourd’hui s’avérer efficace pour résoudre le problème de la vie chère”, poursuivent-ils.
Un quasi-monopole du Groupe Hayot en Outre-mer
C’est une pierre dans le jardin de la holding Hayot, qui fait l'objet de critiques depuis plusieurs années en raison de son quasi-monopole en Outre-mer. Le groupe ne publie pas ses comptes depuis plusieurs années ou les a rendus accessibles de manière partielle.
La situation n'était pas inconnue des autorités françaises, puisqu’en juillet 2023, le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales ultramarines déplorait une “concentration économique, verticale et horizontale, dans un certain nombre de secteurs” et pointait la “situation de rente” dont profitent des industriels comme GBH.
Les députés européens entendent demander d’engager une procédure d’infraction à l’encontre de la France pour son manque d’action dans l’application du droit communautaire.
Une autre procédure a été initiée auprès de la Chambre de commerce de Fort-de-France par quatre Martiniquais, qui réclament la publication des comptes du groupe et ont déposé plainte pour “abus de position dominante.” Cette initiative a déjà recueilli le soutien de plus de 1 000 plaignants.