“La porte de la diplomatie avec la junte nigérienne reste ouverte, mais le bloc ne va pas s'engager dans des pourparlers interminables qui ne mèneront nulle part”, a déclaré M. Abdel-Fatau Musah, le commissaire à la paix et à la sécurité de la CEDEAO, dans une interview accordée mercredi à l'Associated Press.
M. Musah a en outre fait savoir que les chefs d'État de la CEDEAO et la Commission sont convaincus que le coup d'État au Niger est un coup de trop pour la région et que s’ils devaient s’y résoudre, ce putsch aura un effet domino dans la région.
Alors que des pourparlers directs et des négociations secrètes sont en cours, il a affirmé que les efforts de la diplomatie n’avaient pas vocation à durer éternellement.
“Nous n’allons pas nous lancer dans de longues et interminables marchandages avec ces officiers militaires… Nous avons emprunté cette voie au Mali, au Burkina Faso et ailleurs, et nous n’aboutissons à rien”, a déclaré Musah.
Ses commentaires interviennent quelques jours après qu'une délégation de la CEDEAO a rencontré le chef du régime militaire du Niger, le général Abdourahmane Tchiani, pour la première fois depuis que les soldats mutinés ont renversé le président Mohamed Bazoum courant juillet.
Après la réunion de la semaine dernière, Musah a déclaré que la balle était désormais dans le camp de la junte.
La junte maintient le président élu Bazoum, sa femme et son fils en résidence surveillée, et la CEDEAO a exigé la libération leur libération et le rétablissement de l'ordre constitutionnel.
La CEDEAO a utilisé le Niger comme ligne rouge contre de nouveaux coups d’État après plusieurs dans la région, dont deux au Mali et au Burkina Faso depuis 2020.
Le bloc a imposé de sévères sanctions économiques et menacé de recourir à la force militaire si Bazoum n'était pas réinstallé au pouvoir, mais la junte s'est rebiffée. Elle a nommé un nouveau gouvernement et a déclaré que sous sa férule le retour à la démocratie ne pouvait avoir lieu avant plusieurs années.
Le Niger était considéré comme l’un des derniers pays démocratiques de la région du Sahel, avec lequel les pays occidentaux pouvaient s’associer pour repousser une insurrection terroriste croissante liée à Al-Qaida et au groupe Daesh.
La France, d'autres pays européens et les États-Unis ont investi des centaines de millions de dollars pour fournir des équipements et une formation à l'armée nigérienne et, dans le cas de la France, ont mené des opérations conjointes.