Des protestations en Israël contre la politique de Netanyahu à Gaza / Photo: AA (AA)

Les habitants de Gaza vivent ces dernières semaines au rythme des ordres d'évacuation de l'armée israélienne.

Du nord au sud, de l’est au centre, c’est une vie d’exode continu sur fond de raids meurtriers contre les civils.

Lundi, l'armée a intimé un nouvel ordre d'évacuer des pans de la partie nord de la ville. Les chars israéliens ont pris d'assaut plusieurs quartiers de Gaza, appuyés par des frappes aériennes et des drones.

"Où va-t-on?", s'interrogeait un habitant, Abdullah Khammash. "A trois heures du matin, nous sommes partis, nous avons dormi dans la rue. Maintenant nous allons retourner vivre dans les ruines", a-t-il raconté à l’AFP.

Outre le nord de l’enclave palestinienne, les soldats israéliens concentrent leurs opérations dans Gaza-Ville. L'armée a annoncé, lundi, avoir "débuté une opération antiterroriste" à Gaza-ville, notamment autour de bâtiments de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.

Un raid dans une école de l’Unrwa a même causé la mort de 16 personnes, parmi lesquelles des enfants. Selon la branche armée du Hamas, les combats en cours sont "les plus intenses depuis des mois".

Une situation qui tranche avec les ambitions du Premier ministre Benjamin Netanyahu, annonçant une baisse “d'intensité” dans les combats à Gaza.

"La phase intense des combats contre le Hamas est sur le point de se terminer (...). Cela ne signifie pas que la guerre est sur le point de se terminer mais la guerre dans sa phase intense est sur le point de s’achever à Rafah", assurait dernièrement Benjamin Netanyahu, lors d'une interview à la chaîne israélienne Channel 14.

"Après la fin de la phase intense, nous serons en mesure de redéployer certaines forces vers le nord, et nous le ferons", a insisté Netanyahu, assurant --encore une fois– que "l'objectif est de récupérer les otages et de déraciner le pouvoir du Hamas à Gaza".

La situation sur le terrain semble contredire le dirigeant israelien. Même l'opération militaire sur Rafah entamée le 7 mai et annoncée comme la dernière étape de la guerre israélienne contre le Hamas semble s’enliser. La population de cette partie méridionale de Gaza vit, aussi, au rythme des ordres d'évacuation.

"Ils (Israéliens) ordonnent aux gens de se diriger vers Rafah avant de leur ordonner d'évacuer Rafah. Ils font la même chose à Khan Yunis (sud). Jusqu'à quand ? C'est une guerre de déplacement, c'est une guerre d'anéantissement", confie à l'AFP une mère de famille dont le quotidien est la quête perpétuelle de nourriture pour ses enfants.

On assiste à une guerre d’usure, l'armée israélienne revenant sur les positions autrefois évacuées, comme dans le nord de l’enclave notamment. "La destruction des capacités gouvernementales et militaires du Hamas est l'un des buts de guerre définis par le cabinet de sécurité”, insistent les services du Premier ministre israelien. Une idée que ne partage par la hiérarchie militaire israélienne.

"L'idée qu'on peut faire disparaître le Hamas est de la poudre aux yeux. Le Hamas est une idéologie et on n'élimine pas une idéologie", a déclaré, dans un entretien à la chaîne de télévision israélienne 13, le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée israélienne. En l'absence d'un plan clair pour l'après-guerre à Gaza, le mouvement de résistance palestinien resterait au pouvoir, a ajouté l’officier superieur, avant d’être rappelé à l’ordre.

Si la population gazaouie paye un lourd tribu avec la mort de 38 193 Palestiniens, selon les autorités sanitaires locales, le Hamas semble paré pour une guerre d’usure. Le mouvement de résistance palestinien a déclaré, dimanche, avoir recruté des milliers de nouveaux combattants et renforcé ses capacités militaires au cours de l'offensive israélienne meurtrière contre l'enclave palestinienne.

"Nous avons recruté des milliers de nouveaux combattants pendant la guerre, remis en état d'importantes capacités, dressé des embuscades, fabriqué des explosifs et des obus, et recyclé les (armes) abandonnées par l'ennemi israélien", a déclaré Abu Ubaida, porte-parole des Brigades Al-Qassam, branche armée du mouvement, lors d'une allocution enregistrée.

"Nos 24 brigades ainsi que les factions de la résistance ont combattu pendant neuf mois, de Beit Hanoun, à l'extrême nord, jusqu'à Rafah, à l'extrême sud", a-t-il ajouté, soulignant que Netanyahu veut masquer son échec à remporter une “victoire totale” à Gaza.

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TRT Français et agences