Il est la fenêtre ouverte sur le monde depuis Gaza et l’une des figures emblématiques de la couverture de la guerre depuis son lancement. Au bout de 108 jours d’horreur, il est évacué de la bande de Gaza pour être transféré au Qatar.
Motaz Azaiza est né dans le camp de réfugiés de Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza. Diplômé de littérature anglaise de l’université Al-Azhar, il travaille pour l’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens.
Pour montrer le visage méconnu de Gaza, il prend des photos de la vie quotidienne dans l’enclave et les partage sur les médias sociaux à partir de son compte suivi à l’époque par 25 000 abonnés. Jusqu’à l’attaque israélienne, il n'était pas réellement remarqué. Sa vie a basculé le 8 octobre quand Israël a lancé une offensive aérienne contre les civils de Gaza.
Alors qu'Israël interdit aux journalistes d’entrer dans la bande, Motaz a soudainement endossé le rôle de journaliste de guerre pour faire le travail que les médias du monde n’ont pas pu délivrer. A travers sa caméra, il documente les crimes que commet Israël pour informer et alerter. Le nombre de ses abonnés atteint, dès lors, plus de 18 millions, et ses vidéos sont visionnées des millions de fois. Toutes les chaînes d'information internationales ont utilisé les images qu'il partageait en tant que référence.
Il a été désigné homme de l’année par l’édition Moyen-Orient du magazine GQ et sa photo d’une petite fille gisant sous les décombres de sa maison bombardée, dans le camp de déplacés de Nusseirat, a été choisie parmi les dix photos de l’année 2023 par le magazine Time.
Son courage lui a coûté plusieurs menaces de mort de la part des israéliens. Lors d'une attaque contre sa maison, il a perdu 15 membres de sa famille.
"Les Palestiniens sont opprimés depuis 75 ans. Le monde doit connaître notre lutte. Gaza, autrefois semblable à un paradis, est maintenant devenue un enfer. Je m'ennuie énormément de ma belle Gaza, avec ses enfants jouant sur les balançoires, ses personnes âgées souriantes, ses paysages naturels et marins." avait-il partagé sur son compte.
Motaz Azaiza a quitté Gaza au bout de 108 jours de travail intensif pour être évacué au Qatar. "C’est la dernière fois que vous me voyez avec ce gilet lourd et puant", a-t-il annoncé dans une vidéo publiée sur Instagram en enlevant le gilet pare-balle de presse et faisant ses adieux à ses amis. "J'espère revenir bientôt et aider à reconstruire Gaza." a-t-il conclu.