Les révélations les plus invraisemblables circulent au sujet de la situation du président du Raja de Casablanca, Mohamed Boudrika, depuis l’annonce de son arrestation, mardi dernier, à l’aéroport de Hambourg, en Allemagne.
Le bureau du procureur général de Hambourg, qui a annoncé l’arrestation de Boudrika, a affirmé qu’il se trouvait en détention et que les procédures pour son extradition vers le Maroc ont déjà été entamées.
“Il est maintenant en détention en attente de son extradition. Le bureau du procureur général de Hambourg a commencé les procédures d’extradition. Aucune information supplémentaire ne peut être fournie pour le moment”, a-t-on assuré auprès du parquet.
Des rumeurs alimentées par la myriade de blogs de supporters du Raja estiment que le patron du club le plus titré du Maroc n’est pas au bout de sa cavale, qui dure depuis sept mois. “Il a été remis en liberté sous caution, dans l’attente d’une décision judiciaire à son sujet”, avancent Hnews et d’autres sites d’infos, que contredit une autorité judiciaire marocaine.
“Cela n'est absolument pas possible, assure l’édition arabe de Telquel citant une source judiciaire, la justice allemande n'a que deux options entre les mains : soit prendre une décision d'extradition vers les autorités marocaines, soit le libérer définitivement”.
Mise au point juridique
En effet, l'arrestation de Mohamed Boudrika à l'aéroport de Hambourg s'est faite sur la base d'un mandat de recherche international, émis à la demande du procureur du Roi près le tribunal correctionnel d'Ain Sebaa à Casablanca. Le ministère marocain de la Justice a entamé l’accomplissement de la procédure d’extradition qu’il devrait soumettre au département des Affaires étrangères. Ce dernier transmettra le dossier, à son tour, aux services allemands compétents.
Il faut noter également que l’ultime décision est du ressort de la Cour suprême allemande, la procédure en entier ne devant pas dépasser 40 jours, à compter du jour de l'arrestation.
Le site sportif Hesport reprend les mises au point des proches du président du RCA qui assurent que Boudrika s’est rendu à Hambourg pour négocier avec le manager allemand Joseph Zinnbauer, les conditions du renouvellement de son contrat avec les “Verts”.
Comme pour ajouter à la confusion, Boudrika a lui-même publié une déclaration sur sa page Facebook annonçant que les matchs à domicile et à l'extérieur du Raja contre la Garde nationale du Niger se joueront au Maroc.
L’homme aux multiples facettes
Ce qui confère à chacun de ses gestes une importance d’ordre national et attise l’appétit des médias, ce sont les multiples dimensions du personnage. Boudrika n’est pas seulement une figure clé de la Botola, le championnat de football professionnel au Maroc, et membre du comité de direction de la Fédération nationale de football, mais aussi un député du Rassemblement national des indépendants (majorité gouvernementale), président du Conseil d’arrondissement de Mers Sultan et magnat de l'immobilier, entre autres...
À la mesure de ses multiples casquettes, les chefs d’accusations pour lesquels il est poursuivi sont variés : implication présumée dans des affaires de chèques sans provisions, commercialisation de biens fictifs sur plan, détournements de fonds, falsifications, faux et usage de faux…
Au dernier signalement, le président du RCA quittait le territoire national, en janvier dernier, en compagnie de son équipe en direction des Emirats arabes unis. Disparu des radars pour plusieurs semaines, au cours desquelles il aurait été aperçu en Espagne et en Angleterre, il est aperçu sur une vidéo rôdant dans un hotel de luxe à Dubaï, tout de blanc vêtu ! Et alors que le public assiste à une course-poursuite du genre “attrappe-moi si tu peux”, il réapparaît dans des visioconférences, serein, expliquant qu’il avait subi une opération chirurgicale et qu’il rentrerait, une fois rétabli.
Ce qu’il n’est pas pressé de faire, apparemment. En attendant, cette star du sport perd ses titres l’un après l’autre, et à une vitesse record. Le 6 mai dernier, le tribunal administratif de Casablanca a rendu une décision destituant Boudrika de toutes ses fonctions d’élu local. Le motif laisse perplexe pourtant : “absence injustifiée”.