Cette mission pourrait s’inscrire dans une stratégie visant à affaiblir le Qatar, rival régional du Bahreïn, de l’Arabie saoudite et des Émirats. / Photo: AFP (AFP)

Après plusieurs échecs électoraux en France et en Espagne, Manuel Valls semble avoir trouvé une nouvelle voie : celle de consultant. En juillet 2024, il a été mandaté par le Bahreïn pour intervenir dans une affaire diplomatique et judiciaire qui opposait le royaume au Qatar.

Cette mission concernait un différend autour d’une décision de la Cour internationale de Justice (CIJ), rendue en 2001.

Après avoir initialement accepté le verdict de la CIJ en 2001, qui attribuait au Qatar des eaux territoriales disputées autour des îles Hawar, le Bahreïn qui évoque des soupçons de corruption de certains magistrats de l’époque, a changé de stratégie en 2020.

Ce revirement coïncide avec le blocus initié par une coalition composée de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Bahreïn contre le Qatar.

Dans un premier temps, le royaume a consulté un cabinet d’avocats britannique, qui a jugé improbable toute remise en cause du jugement. En 2021, les autorités bahreïnies ont sollicité Philippe Feitussi, avocat bien introduit en France, pour prouver une éventuelle corruption des juges de la CIJ ayant rendu la décision.

Financements opaques

Pour son intervention, réalisée entre le 22 et le 24 juillet 2024, Manuel Valls aurait été rémunéré à hauteur de 30 000 euros, pour un financement global de 229 000 euros.

Ces fonds, versés via une société offshore hongkongaise, Queen Capital International Limited, demeurent entourés de mystère, car l'identité des propriétaires et le rôle de cette société ne sont pas connus, ce qui soulève des interrogations sur la transparence de l’ensemble de l’opération.

Le cœur de cette mission résidait dans l’accompagnement des autorités bahreïnies sur un litige juridique international. L'enquête menée en France par le Parquet national financier (PNF) essaie de déterminer si des magistrats de la CIJ ont été corrompus lors de la décision de 2001.

Ce contentieux, bien qu’ancien, a pris une nouvelle dimension ces dernières années, grâce à deux signalements du député français Philippe Latombe (MoDem), en 2022 et 2023.

Manuel Valls s’est ainsi retrouvé impliqué dans un dispositif plus large, incluant des juristes et une ancienne responsable du PNF, Céline Clément-Pétremann, qui a été chargée de travailler sur la communication du dossier et son écho médiatique.

Dans ce contexte, l’implication de Manuel Valls, rémunéré 30 000 euros pour une mission de trois jours, reste énigmatique, car l’ancien Premier ministre bénéficie déjà d’un défraiement annuel confortable qui s’élevait à 142 599 euros en 2023, selon Politico.

Mediapart suggère alors que cette mission pourrait s’inscrire dans une stratégie plus large visant à affaiblir le Qatar, rival régional du Bahreïn, de l’Arabie saoudite et des Émirats.

Il pourrait également s’agir d’un positionnement idéologique. Manuel Valls a, par le passé, critiqué le recours à la CIJ dans certains contextes, notamment lors de conflits impliquant Israël. Sa participation pourrait ainsi refléter une défiance vis-à-vis de l’institution elle-même.

TRT Français et agences