Assimi Goïta le président malien, est déterminé à tirer le meilleur parti des ressources minières du pays. / Photo: Reuters (Reuters)

Le gouvernement malien, qui tente de faire pression sur les sociétés étrangères pour obtenir une part plus importante des revenus miniers, a mis ses menaces à exécution en saisissant le week-end dernier des stocks d’or de la mine de Loulo-Gounkoto exploitee par Barrick Gold.

La crise entre le gouvernement malien et le groupe minier canadien Barrick Gold a pris une autre dimension le 14 janvier 2025, avec la cessation temporaire des activités à la mine d’or de Loulo-Gounkoto dans le sud du Mali.

La pomme de discorde est liée à la mésentente sur la répartition des revenus générés par l’exploitation de l’or. Bamako estime qu’il ne tire pas suffisamment parti des richesses de son sous-sol.

Le 28 janvier dernier, suite à une décision de saisie conservatoire de la justice, les autorités maliennes se sont emparées d’au moins trois tonnes d’or d’une valeur approximative de 250 millions de dollars (plus de 240 millions d’euros) , représentant une partie de la production aurifère de Barrick Gold, d'après les informations de l’AFP.

Les relations entre le gouvernement de transition, au pouvoir au Mali depuis 2022, et Barrick Gold se sont brusquement détériorées en octobre 2024, du fait des réticences du groupe minier canadien à appliquer les réformes adoptées par Bamako.

En Août 2023, le Mali a adopté un nouveau code minier avec l’objectif de faire profiter effectivement le pays des ressources de son sous-sol.

Un audit réalisé en 2022 à la demande des autorités a révélé que le pays perdait par an entre 500 millions et un milliard de dollars, dans cette exploitation minière qui profitait surtout aux compagnies occidentales.

D'où l'adoption d’un nouveau code minier. Il fixe à 30% la part maximale de l’État dans les mines , introduit une participation de 5 % pour les investisseurs locaux et oblige les entreprises minières à verser leurs bénéfices sur des comptes bancaires au Mali.

Barrick Gold dans le collimateur de Bamako

Un litige est ainsi né entre le gouvernement et Barrick Gold qui refuse de payer une amende calculée selon une logique rétroactive de la loi.

D'où la brève interpellation en août 2024 de quatre employés de Barrick Gold et le mandat d'arrêt contre le PDG Mark Bristow.

Mark Bristow, le PDG de Barrick Gold au Mali est sous pression. (Reuters)

Avec cette réforme, le gouvernement malien attend chaque année des revenus d’au moins 762 millions d’euros issus des mines. Les exonérations fiscales qui faisaient perdre à l'État chaque année 91 millions d’euros ont également été supprimées.

Pays sans littoral, le Mali n’a pas d'hydrocarbures. Il mise essentiellement sur son secteur minier pour engranger des devises. En 2022, il a produit un peu plus de 72 tonnes d’or, soit 10% du PIB, 25 % du budget et 75 % de ses exportations. Le sous-sol malien recèle aussi du lithium et du fer et les recherches pétrolières sont prometteuses.

Reste à savoir si ce volontarisme des autorités maliennes dissuadera d'éventuels investisseurs dans les mines ou impulsera le développement d’un pays qui a cruellement besoin de ressources.

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