Une décision positive -qui requiert l'unanimité- semblait probable, selon des sources diplomatiques, une semaine après un sommet à Tirana lors duquel l'UE a "réaffirmé son engagement" à la perspective d'intégration des Balkans occidentaux dans le bloc.
Un feu vert des ministres mardi serait ensuite endossé par les dirigeants des Vingt-Sept lors du sommet de l'UE jeudi.
La Commission européenne a recommandé en octobre aux Etats membres d'accorder ce statut à ce pays de 3,5 millions d'habitants miné par la pauvreté et l'instabilité politique, qui est confronté à des menaces sécessionnistes.
Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell avait souligné la nécessité "d'insuffler une dynamique positive", notant que la guerre en Ukraine donnait une "nouvelle signification géopolitique" à l'élargissement, "un investissement à long terme dans la paix, la prospérité et la stabilité pour notre continent".
Le commissaire européen à l'Elargissement Oliver Varhelyi avait invité les dirigeants de ce pays "à tirer le meilleur parti de cette occasion historique et à mettre rapidement en œuvre les mesures recensées dans (la) recommandation" de la Commission. Cette dernière a fixé 14 priorités pour des réformes, qui restent "la clé de l'ouverture des négociations d'adhésion".
"Circonstances géopolitiques"
"Ce statut de candidat aurait dû être attribué (à la Bosnie) depuis plusieurs années. Nous comprenons, bien sûr, que cette accélération de la marche vers l'UE a lieu en raison de certaines circonstances géopolitiques", anticipait lundi Zeljka Cvijanovic, membre serbe de la présidence tripartite de Bosnie ,citée sur le site de la télévision N1.
"Il est temps que les gens en Bosnie-Herzégovine reçoivent un message positif de la part de l'Union européenne", jugeait aussi Denis Becirovic, membre bosniaque de la présidence tripartite, le 8 décembre à la télévision publique FTV.
Dans son évaluation en octobre, la Commission européenne avait indiqué que le blocage par l'entité de Republika Srpska des institutions au niveau de l'Etat jusqu'au printemps 2022 avait "entraîné une quasi-paralysie des réformes" en Bosnie. Elle soulignait notamment une absence de progrès en matière d'indépendance et d'impartialité de l'appareil judiciaire.
Alors que l'UE demande aux pays candidats de s'aligner sur sa politique étrangère, l'exécutif européen notait aussi que "les autorités et les partis de l'entité de Republika Srpska ont plaidé en faveur d'une position de neutralité à l'égard de l'agression de l'Ukraine par la Russie (...) entravant la mise en œuvre intégrale" des sanctions prises contre Moscou en réponse à la guerre en Ukraine.
Confirmé fin octobre à la présidence de l'entité serbe, le nationaliste prorusse Milorad Dodik est frappé par des sanctions américaines et britanniques après avoir multiplié ces derniers mois les menaces séparatistes. Il a souvent déclaré qu'il s'opposerait à la marche de la Bosnie vers l'UE si elle devait passer par une plus grande centralisation de l'Etat.
La reconnaissance du statut de candidat n'est que le début d'un long processus. L'étape suivante, nécessitant également l'unanimité des Vingt-Sept, est l'ouverture de négociations officielles d'adhésion, qui prennent du temps, car les pays candidats doivent intégrer dans leur droit national un grand nombre d'actes législatifs européens.
Sept pays sont déjà officiellement candidats à une adhésion à l'UE: Turquie (1999, processus aujourd'hui gelé), Macédoine du Nord (2005), Monténégro (2010), Serbie (2012), Albanie (2014), Ukraine et Moldavie (2022).
Le Kosovo a annoncé son intention de déposer une demande d'adhésion d'ici la fin de l'année.