Le discours de Hassan Nasrallah retransmis sur grand écran dans les banlieues sud de Beyrouth / Photo: Reuters (Reuters)

L’intervention du chef du Hezbollah libanais, a eu lieu lors de la célébration annuelle de l’Achoura lors d’un discours télévisé. Hassan Nasrallah a mis en garde Israël : “Si l'ennemi continue de viser des civils comme il l'a fait ces derniers jours, alors cela nous poussera à cibler des localités que nous n'avions pas prises pour cible jusqu'à présent". Mardi, trois enfants, qui s’amusaient dans une aire de jeux, ont été tués par un missile dans la localité d’Oum el-Tout.

Dans la nuit de mardi à mercredi dans le nord d'Israël, les sirènes ont retenti, signalant des tirs de roquettes mais aucune victime n'a été signalée.

Les affrontements au sud Liban ont fait 511 morts au Liban selon un décompte établi par l’AFP, dont 104 civils. Une centaine de milliers de personnes ont fui la zone sud et les villages situés près de la frontière sont détruits pour la plupart.

Côté israélien, 17 soldats et 13 civils ont été tués, selon les autorités.

L’armée israélienne sous pression

Depuis le 8 octobre, le Hezbollah a multiplié les tirs de roquettes sur Israël en réponse à l’offensive sur Gaza et Hassan Nasrallah a insisté lors de son discours, les tirs vont continuer tant qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu à Gaza. Israël clame qu’il ne vise que des infrastructures du Hezbollah et des chefs du mouvement dans des assassinats ciblés.

Ces violences incessantes font craindre une escalade dans la région. Israël a joué la provocation en menaçant d’envahir le Liban mais le pays a-t-il les moyens de lancer une opération d’envergure sur le Liban ?

La guerre à Gaza dure et met la pression sur l’armée israélienne. Les commandants militaires réclament davantage d'effectifs pour assurer les opérations sur Gaza, le ministre de la Défense Yoav Gallant évoquant une question de "mathématiques" et non de politique. 325 soldats ont été tués depuis le début de la guerre à Gaza.

Dimanche dernier, le gouvernement israélien a voté la prolongation du service militaire obligatoire pour les hommes, dont la durée passerait de 32 à 36 mois. Cette mesure doit encore être approuvée par le Parlement mais il est clair que l’armée israélienne est sous pression.

Le Hezbollah entre résistance et gouvernance

Du côté du Hezbollah, publiquement, on minimise la force de frappe israélienne. Le chef du parti libanais a toujours dans le même discours estimé que la guerre à Gaza avait diminué les ressources de l’armée israélienne. Et Hassan Nasrallah a conclu en forme de mise en garde: “si vos tanks viennent au Liban, vous n’aurez plus de tanks !”

Rym Momtaz, consultante en politique étrangère et sécurité européennes à l’IISS (International Institute for Strategic Studies) a assuré, il y a quelques semaines, à Paris lors d’une table à ronde intitulée “Le Liban face au risque de guerre totale”, que les deux parties sont sur la retenue. “Quoiqu’il en soit, l’Iran et le Hezbollah sont dans une posture de retenue tout comme Israël, dont une partie du gouvernement voulait taper sur le Hezbollah juste après le 7 octobre. Les parties en présence ont reçu le message des Américains, qui en déployant leur arsenal aéronaval en Méditerranée, ont indiqué qu’ils ne voulaient “pas d'embrasement régional”.

Le risque n’en demeure pas moins de voir le conflit s’étendre, car le Hezbollah ne pourra pas prendre des coups éternellement sans répliquer de manière significative. Christophe Ayad, journaliste et spécialiste du Hezbollah, a insisté sur ce point lors de la table ronde à laquelle TRT français a assisté : “Le problème, c'est que le Hezbollah se retrouve à prendre des coups qu'il ne peut pas rendre parce que ce serait déclencher la guerre ‘atomique’ avec Israël. Et c'est ça qui me paraît dangereux et compliqué, parce que vous avez des pressions en interne pour rétablir ce à quoi le Hezbollah était arrivé, et qui était le grand changement de 2006 à 2022, c'est-à-dire une dissuasion vis-à-vis d’Israël”.

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La stratégie du Hezbollah divise la classe politique au Liban qui y voit une mise en danger du pays. Cela ne remet pas pour autant en question son alliance avec la parti chrétien du général Aoun. Pour d’autres Libanais, notamment la communauté chiite, le parti du Hezbollah est le seul rempart qui empêche Israël d’envahir à nouveau le pays.

TRT Français et agences