En vertu de l'accord, l'armée libanaise doit prendre le contrôle de la zone frontalière. / Photo: Reuters (Reuters)

Le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah a pris effet tôt mercredi au Liban, mettant fin à plus d'un an d'affrontements et à deux mois de guerre ouverte.

La trêve, appliquée depuis 04H00 (02H00 GMT), doit mettre fin au conflit qui a contraint des centaines de milliers de personnes au Liban et d’autres en Israël à fuir leur domicile.

Les bombardements sur le Liban ont fait des milliers de morts, tandis que les soldats israéliens se sont déployés de l'autre côté de la frontière entre les deux pays.

Peu après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu à l'aube, des habitants du sud du Liban et de la plaine de la Békaa ont commencé à retourner dans leurs villages, formant des convois de véhicules, a rapporté l'agence officielle libanaise Ani.

Le président américain Joe Biden a salué mardi l'accord de cessez-le-feu, "un nouveau départ" pour le Liban et une "bonne nouvelle" pour laquelle les Etats-Unis et la France œuvraient depuis des semaines.

Dans une interview à Al-Jazeera publiée avant la trêve, l'envoyé américain Amos Hochstein avait indiqué que les forces israéliennes positionnées à deux ou trois kilomètres de la frontière avec le Liban se retireraient progressivement au cours des 60 prochains jours.

Les Etats-Unis et la France vont rejoindre le mécanisme tripartite créé après la guerre de 2006 regroupant la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), Israël et le Liban

Ce mécanisme, désormais présidé par les Etats-Unis, est destiné à maintenir une communication "directe" entre les différentes parties et à permettre "à chaque fois qu'une violation est constatée, en particulier une violation grave", qu'elle soit "traitée immédiatement" pour éviter une escalade.

Le Hezbollah doit aussi se retirer de la frontière sud avec Israël où l’armée libanaise va se déployer en coordination avec la Finul.

Avant le feu vert israélien final, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a indiqué que la durée du cessez-le-feu dépendrait "de ce qui se passera au Liban".

"Nous maintenons une totale liberté d'action militaire" au Liban, a-t-il ajouté: "Si le Hezbollah viole l'accord et tente de se réarmer, nous attaquerons".

Peu après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, l'armée israélienne a averti les habitants du sud du Liban de ne pas s'approcher des positions où elle reste déployée.

"Il vous est interdit de vous diriger vers les villages que l'armée israélienne a ordonné d'évacuer", a déclaré le porte-parole de l'armée Avichay Adraee dans un message sur X.

Selon les autorités libanaises, au moins 3.823 personnes ont été tuées au Liban au total depuis octobre 2023, dont la plupart ces dernières semaines. Les hostilités ont déplacé quelque 900.000 personnes, selon l'ONU.

Côté israélien, 82 militaires et 47 civils ont été tués en 13 mois, dans les affrontements avec le Hezbollah, selon les autorités.

Réactions

D'après Joe Biden, l'accord de trêve à été conçu pour donner lieu à un arrêt permanent des hostilités entre les deux parties.

En vertu de l'accord, l'armée libanaise doit prendre le contrôle de la zone frontalière, côté libanais, et "ce qui reste du Hezbollah et des autres organisations ne sera pas autorisé (...) à menacer à nouveau la sécurité d'Israël", a assuré le président américain.

Les Etats-Unis et la France doivent veiller à ce que l'accord de cessez-le-feu soit "mis en œuvre dans son intégralité", ont déclaré mardi soir Joe Biden et son homologue français Emmanuel Macron dans un communiqué commun.

"Dans les jours à venir, les Etats-Unis vont mener à nouveau un effort avec la Turquie, l'Egypte, le Qatar, Israël et d'autres pays pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, à la libération des otages et à la fin de la guerre sans le Hamas au pouvoir", a en outre déclaré Biden.

"Cet accord doit ouvrir la voie à un cessez-le-feu trop longtemps attendu face aux souffrances sans commune mesure de la population de Gaza", a relevé le président français Emmanuel Macron.

"La restauration de la souveraineté du Liban passe par l'élection sans délai d'un président de la République", a-t-il également déclaré dans un message vidéo sur X.

Le Premier ministre libanais Najib Mikati a estimé que l'accord constituait une "étape fondamentale" vers la stabilité régionale.

Remerciant Paris et Washington pour leur implication, M. Mikati a indiqué que son gouvernement était engagé à "renforcer la présence de l'armée dans le sud du pays", un bastion du Hezbollah.

Téhéran a salué mercredi "l'arrêt de l'agression" israélienne au Liban, où l'Iran appuie financièrement et militairement le Hezbollah.

L'Iran "soutient fermement le gouvernement, la nation et la résistance libanaise", a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï.

"Un rayon d'espoir pour la région toute entière", s’est réjouie la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock dans un communiqué.

"Les populations des deux côtés de la frontière veulent vivre dans une sécurité réelle qui dure", a commenté Mme Baerbock pour qui l'accord était "un succès pour la diplomatie."

Le cessez-le-feu "va apporter un certain soulagement aux populations civiles du Liban et du nord d'Israël, qui ont subi des conséquences inimaginables au cours des derniers mois d'un conflit dévastateur", a déclaré le Premier ministre britannique Keir Starmer, estimant cependant qu'il n'avait "que trop tardé".

Le cessez-le-feu "doit maintenant être transformé en une solution politique durable au Liban", a-t-il ajouté.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué "une nouvelle très encourageante, avant tout pour les peuples libanais et israélien affectés par les combats".

"Le Liban aura l'opportunité de renforcer sa sécurité intérieure et sa stabilité grâce à l'influence réduite du Hezbollah", a-t-elle ajouté.

Le cessez-le-feu annoncé mardi entre Israël et le Liban demandera un "travail considérable" pour assurer sa pérennité, a estimé la représentante de l'ONU pour le Liban, dans un communiqué saluant l'accord.

"Cet accord crucial marque le point de départ d'un processus critique" pour assurer la sécurité des civils des deux côtés de la Ligne bleue, a déclaré Jeanine Hennis-Plasschaert.

TRT Français et agences