Une nouvelle vague d'explosions d'appareils de transmission du Hezbollah, mercredi, a fait 20 morts et plus de 450 blessés à travers le Liban selon le ministère libanais de la Santé, exacerbant les craintes d'une guerre totale avec Israël avant un discours attendu ce jeudi du chef de l'organisation libanaise.
A Beyrouth, des talkies-walkies ont explosé simultanément mercredi dans la banlieue sud, au moment où se déroulaient les obsèques de quatre membres du Hezbollah tués la veille dans l'explosion de bipeurs, selon une source proche du mouvement libanais et des secouristes.
Les détonations ont semé la panique pendant les funérailles, de nombreuses personnes se précipitant pour se mettre à l'abri, selon des images de l'AFPTV.
Mardi, des explosions simultanées de bipeurs, un système de radiomessagerie utilisé par le mouvement libanais, ont fait douze morts et entre 2.750 et 2.800 blessés, selon les autorités libanaises.
Hassan Nasrallah, qui n'a pas été blessé dans cette séquence selon une source proche du mouvement, doit s'exprimer jeudi à 17H00 (14H00 GMT) sur ces explosions imputées à Israël et qui ont été fatales à plusieurs cadres de son mouvement.
Israël veut assurer le retour des déplacés du nord du pays
Cette nouvelle vague intervient au lendemain d'une attaque similaire survenue après l'annonce par Israël qu’il ajoutait à ses objectifs de guerre le retour des déplacés dans le nord d'Israël. De même qu'il étendait les objectifs de la guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban.
Les principaux objectifs affichés jusqu'à présent étaient la destruction du Hamas au pouvoir à Gaza depuis 2007 et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien.
Sans évoquer les explosions au Liban, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a estimé que le "centre de gravité" de la guerre se déplace "vers le nord" où les échanges de tirs meurtriers quasi-quotidiens avec le Hezbollah ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers d'habitants des deux côtés de la frontière.
Le Hamas a accusé Israël d'être responsable de la nouvelle vague d'explosions au Liban, évoquant une "menace" contre la stabilité régionale.
"Nous menons nos tâches simultanément" au nord et au sud, et "notre tâche est claire : assurer le retour des habitants du nord sains et saufs chez eux", a souligné M. Gallant. Ses propos ont été repris par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et le chef d'état-major israélien, le général Herzi Halevi, dans des déclarations séparées.
Dès le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, le Hezbollah a ouvert un front à la frontière avec Israël, disant soutenir le Hamas.
Israël n'a fait aucun commentaire sur ces explosions mais le sujet a été à la Une des ses médias. Selon Amos Harel du quotidien de gauche Haaretz, les explosions des appareils de transmission du mouvement libanais ont placé "Israël et le Hezbollah au bord d'une guerre totale".
- "Préprogrammés pour exploser" -
De son côté, le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, a estimé que l'attaque de mardi pourrait être le présage d'une guerre plus large au Moyen-Orient.
Une source proche du Hezbollah a indiqué à l'AFP que "les bipeurs qui ont explosé provenaient d'une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1.000 appareils".
Selon une enquête préliminaire menée par les autorités libanaises, "les appareils étaient préprogrammés pour exploser et contenaient des matériaux explosifs placés à côté de la batterie", a déclaré à l'AFP un responsable libanais de la sécurité.
Charles Lister, expert au Middle East Institute, a estimé sur X que "le Mossad (service de renseignement extérieur israélien) a infiltré la chaîne d'approvisionnement" du Hezbollah.
Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira en urgence, vendredi, pour discuter de la série d'explosions au Liban.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a condamné, mercredi, les "attaques" aux bipeurs, se disant "extrêmement préoccupé" par la situation. L'ONU a déploré une "escalade extrêmement inquiétante" et Washington a mis en garde contre toute "escalade".
- "Volonté politique" -
Dans ce contexte explosif, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, en visite au Caire, a appelé Israël et le Hamas à faire preuve de "volonté politique" pour parvenir à un accord de cessez-le-feu, après des mois de négociations infructueuses.
De leur côté, des représentants de la diplomatie américaine, française, allemande, italienne et britannique se réuniront, jeudi, à Paris, pour faire le point sur l'état des négociations pour une trêve à Gaza et la situation au Liban, selon des sources diplomatiques.
Pendant ce temps, la guerre ne connaît pas de répit dans le territoire palestinien assiégé et frappé par une catastrophe humanitaire.
Selon la Défense civile de Gaza, au moins cinq personnes ont été tuées mercredi par une frappe aérienne israélienne sur une école transformée en refuge pour déplacés, dans un quartier de l'est de Gaza-ville (nord).
L'armée a confirmé l’assaut, affirmant que les combattants du Hamas utilisaient l'école "pour planifier et mener des activités terroristes".
Mercredi, le Canada a annoncé de nouvelles sanctions pour "combattre les activités terroristes" du Hamas et "contrecarrer ses réseaux financiers", ainsi que contre des colons israéliens "extrémistes" ayant commis des "actes de violence" à l'encontre de civils palestiniens en Cisjordanie occupée.
Depuis le 7 octobre 2023, 41.272 Palestiniens ont été tués dans la campagne militaire israélienne sur la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé des autorités palestiniennes à Gaza.