Son silence intriguait, le président Emmanuel Macron avait pourtant promis de réagir au scrutin du 7 juillet. Il avait souhaité clarifier la situation avec des législatives anticipées, le résultat des urnes a donné une Assemblée divisée en trois blocs avec une coalition de gauche en tête.
Pourtant, le président estime lui que personne n’a gagné ces élections. Il n’acceptera pas la démission de l’actuel Premier ministre Gabriel Attal tant qu’un Premier ministre d’une coalition républicaine n’est pas choisi. Emmanuel Macron veut donc garder la main et décider qui formera le futur gouvernement.
“Seules les forces républicaines représentent une majorité absolue. La nature de ces élections, marquées par une demande claire de changement et de partage du pouvoir, les oblige à bâtir un large rassemblement”, écrit-il.
Son rêve est de former une coalition agrégée autour du bloc central, c’est-à-dire les 93 députés Renaissance et les députés Horizon et Modem qui sont en tout 156 députés. S’y ajouteraient des élus Renaissance, et pourquoi pas des élus socialistes et écologistes. Il exclut a priori La France insoumise et le Rassemblement national. Il passe sur le fait que ces deux partis comptent à eux deux plus de 200 députés.
Macron veut garder la main
On comprend que le président choisit la confrontation avec la gauche plutôt que l’apaisement. Après le pari râté de la dissolution, Emmanuel Macron joue-t-il le pari de la coalition à marche forcée autour de son groupe ?
Constitutionnellement, Macron est tenu de respecter le résultat des urnes. Ses soutiens répondent que c’est Emmanuel Macron qui a le pouvoir de nommer le Premier ministre et qu’en tant que chef de l’Etat, il peut poser le cadre dans lequel cela doit se passer.
Dans cette lettre, le président donne sa définition du futur gouvernement qui doit réunir selon lui “l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’État de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française”.
La droite modérée et la gauche ensemble
Ce jeudi matin, les élus proches d’Emmanuel Macron font le service après-vente. Ainsi, tout en finesse, Rachida Dati lance sur France 2, “C'est une victoire pour personne, la gauche a à peine 27 % et ils ne sont d'accord sur rien.”
A gauche, les réactions sont forcément critiques. Sandrine Rousseau, députée EELV NFP regrette “une situation qui me semble extrêmement instable.” Plus cinglant, Jean-Luc Mélenchon le patron de LFI dénonce le retour au veto royal sur le suffrage universel ! Il demande au Président de s'incliner et d’appeler le Nouveau Front Populaire à gouverner.
Dans une lettre publiée ce mercredi soir, la CGT Cheminots appelle “solennellement Emmanuel Macron à respecter le résultat des urnes”. Le syndicat prévoit des manifestations le 18 juillet devant les préfectures de France, date de la première séance de la nouvelle Assemblée nationale “pour le respect du résultat des urnes”.