L’assassinat d’Ismail Haniyeh rappelle combien le Mossad use de méthodes sombres et extrajudiciaires, en phase avec la politique de violence israélienne.
Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, a été assassiné mercredi matin à la suite d'un raid israélien contre sa résidence à Téhéran.
Le gouvernement iranien a annoncé l'ouverture d'une enquête sur ce meurtre, tandis qu’un haut responsable du Hamas a qualifié l'assassinat de Haniyeh d'”acte lâche qui ne restera pas impuni”.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait juré de tuer Haniyeh dont plusieurs proches ont trouvé la mort dans le carnage en cours à Gaza et d'autres dirigeants du Hamas.
La réputation mondiale d’Israël pour son recours à des méthodes brutales, notamment l'assassinat ciblé ne s’est pas forgée du jour au lendemain.
Derrière le vernis d'une efficacité supposée se cache une réalité bien plus sombre: l'utilisation systématique de la violence extrajudiciaire comme instrument de politique étrangère.
Ces assassinats reflètent l’immoralité de la politique d'État qui bafoue les lois internationales et met en péril la stabilité mondiale.
Les assassinats politiques du Mossad
Depuis ses débuts, le Mossad a fait des assassinats ciblés une pierre angulaire de sa stratégie, sous le prétexte fallacieux de la sécurité d’Israël.
Cette approche repose sur une logique perverse: éliminer physiquement ceux qu’Israël considère comme ses ennemis, sans considération pour les lois internationales ni pour les vies humaines.
Les premiers assassinats politiques du Mossad en lien avec le conflit israélo-palestinien remontent aux années 1970.
Lors de l'opération nommée “colère de Dieu”, menée après le prise d'otages des Jeux olympiques de Munich en 1972, le Mossad avait assassiné plusieurs Palestiniens qu’il soupçonnait d'être en lien avec la prise d’otages de Munich.
Les assassinats du militant du Fatah, Ali Hassan Salameh, à Beyrouth en 1979, le traducteur palestinien Wael Zwaiter à Rome en 1972, et Mahmoud Hamshari de l’Organisation de libération de la Palestine à Paris la même année, ne sont que quelques exemples de la manière dont le Mossad a piétiné les normes internationales, provoquant des tensions diplomatiques et exposant des civils innocents à des risques inutiles.
Cette campagne d'assassinats qui s'étendit sur près d'une décennie a été mise en œuvre dans une absence totale de respect pour la souveraineté des autres nations.
Au cours des années 1980, le Mossad a poursuivi sa campagne d'assassinats, ciblant des figures comme le militant palestinien Wadie Haddad en 1978 et Naim Khader, intellectuel palestinien chrétien et premier représentant de l’OLP auprès des autorités belges et européennes, en 1981.
Ces assassinats, souvent commis sur le sol d’autres pays, n'ont fait que ternir davantage l'image d'Israël et conforter sa réputation d'État voyou, prêt à violer toutes les lois pour atteindre ses objectifs.
L'élimination de Gerald Bull en 1990, un ingénieur canadien travaillant pour l'Irak, montre bien à quel point le Mossad est prêt à éliminer toute personne perçue comme une menace, sans aucune considération pour les répercussions internationales ni les vies humaines.
L'assassinat de Cheikh Ahmad Yassin
L'entrée dans le nouveau millénaire n'a rien changé à l'approche immorale du Mossad. Bien au contraire, l'utilisation de technologies avancées pour mener des assassinats ciblés n'a fait que rendre ces opérations encore plus insidieuses.
Le 22 mars 2004, Cheikh Ahmad Yassin, fondateur et chef spirituel du Hamas, a été assassiné dans une frappe aérienne israélienne à Gaza. L'élimination de Yassin a non seulement marqué un tournant dans le conflit israélo-palestinien, mais elle a également suscité des condamnations internationales et exacerbé les tensions dans la région.
Le 22 mars 2004, au petit matin, Cheikh Yassin quittait une mosquée à Gaza après la prière de l'aube lorsqu'il a été visé par des hélicoptères israéliens. Trois missiles ont été tirés, tuant Yassin sur le coup, ainsi que plusieurs de ses gardes du corps et passants.
Ce massacre a été justifié par le gouvernement israélien comme une mesure nécessaire pour éliminer une “menace directe” à la sécurité d'Israël.
L'assassinat en 2008 du dirigeant du Hezbollah Imad Mughniyeh, dans sa chambre d’hötel, et celui de Mahmoud Al-Mabhouh, un des fondateurs des Brigades Al-Qassam en 2010, dans un attentat piégé à l’explosif témoignent de l'évolution des méthodes du Mossad, qui combine désormais haute technologie et mépris total pour la vie humaine.
Ces opérations, souvent menées dans des pays tiers, mettent en danger les relations internationales et révèlent un mépris flagrant pour la souveraineté des autres nations.
Les assassinats de scientifiques iraniens, comme Mostafa Ahmadi-Roshan en 2012 et Mohsen Fakhrizadeh en 2020, sont des exemples flagrants de la manière dont le Mossad utilise l'assassinat pour influencer la politique internationale.
Ces meurtres ont été perpétrés dans un contexte de guerre de l'ombre contre le programme nucléaire iranien, et ont considérablement augmenté les risques de conflit dans la région.
Les assassinats du Mossad, justifiés par une logique de défense, sont en réalité une manifestation de la violence d'État sous sa forme la plus brutale. Ils démontrent un mépris total pour la vie humaine, les lois internationales, et la souveraineté des autres nations, tout en mettant en péril la paix mondiale et la stabilité régionale.