Donald Trump prononce un discours lors d'une soirée électorale au Palm Beach Convention Center à West Palm Beach, en Floride, aux États-Unis, le 6 novembre 2024. / Photo: AA (AA)

Les Américains ont choisi Donald Trump pour diriger leur pays pour les quatre prochaines années, barrant la voie aux ambitions de Kamala Harris qui rêvait de devenir la première femme à diriger les États-Unis. Qu’est-ce qui n’a pas marché pour la candidate démocrate ?

La question revient avec insistance, eu égard à l’ampleur du succès du candidat républicain.

La victoire de Trump est sans appel. Il a remporté le vote populaire avec provisoirement 50,6% de suffrages contre 47,9% pour sa rivale démocrate. Il s’est aussi emparé de la majorité des grands électeurs. Pour le moment, le candidat républicain s’en sort avec 301 grands électeurs contre 226 pour Harris. Beaucoup d'observateurs sont d’avis qu’il s’agit d’un “vote sanction” exprimant la colère de la majorité des votants contre les démocrates.

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Sanction des Arabo-musulmans

Le virage dans le camp républicain de certains groupes d'Américains votant traditionnellement démocrates a sans doute pesé dans la balance. C’est la conviction de Hatem Abuddayeh, président national de l’USPCN (Réseau de la communauté palestinienne des États-Unis) et porte-parole de la Coalition pour la justice en Palestine de Chicago, une association créée dans les années 2000 qui regroupe les principales organisations palestiniennes de la ville.

Quelques jours avant le vote, il anticipait déjà sur le divorce entre la candidate démocrate et la communauté arabo-musulmane.

“Je pense qu’aucune personne, qu'elle soit palestinienne ou arabe, ou qu'elle se soucie de la question palestinienne, ne votera pour Kamala en bonne conscience“, disait-t-il, ajoutant : “ Elle (Kamala Harris) et Biden sont responsables de ce génocide. Les États-Unis sont responsables de ce génocide, non seulement pour les armes qu'ils ont envoyées, mais aussi pour la relation existentielle entre ces deux pays basée sur le rôle central joué par Israël dans la protection des intérêts impérialistes des États-Unis dans le monde arabe et au Moyen-Orient”.

Hatem Abuddayeh explique à l’agence Anadolu qu’aux États-Unis, “les Arabes ont historiquement tendance à voter pour les Démocrates, avec un électoratestimé à environ 3 millions de personnes selon les organisations nationales arabes et d'autres chercheurs de confiance”.

Maggie Slavin, directrice des opérations du Conseil des relations américano-islamiques de Chicago (CAIR-Chicago), souligne l'importance du vote des Arabo-musulmans, au regard des élections de 2020 durant lesquelles Joe Biden avait obtenu 70% du vote des musulmans américains.

“Ce chiffre est similaire dans le Michigan, un facteur déterminant pour cette élection, car en 2020, les Démocrates ont gagné avec seulement 150 000 voix d'écart. Il est important de noter qu'une part significative de ces 150 000 voix provenait d'électeurs musulmans qui ne prévoyaient pas de voter pour Kamala Harris”, a-t-elle déclaré dans un entretien avec Anadolu.

Les résultats du vote dans le Michigan montrent que l'électorat, jadis acquis à la cause des démocrates, a viré dans le camp républicain. Trump l’emporte avec 49,8% contre 48,8% pour sa rivale et engrange 15 grands électeurs de plus.

Comparativement à la présidentielle de 2000, Donald Trump d'après la même étude, a bénéficié de 46% des suffrages des latinos contre 52% pour Harris, soit une amélioration de 14%. Le candidat républicain a aussi gagné 1% de suffrage au sein de l’électorat noir avec 13%, alors que Kamala Harris engrangeait 85%.

Frustrations économiques

Outre le vote sanction des Arabo-musulmans américains contre Harris, les observateurs relèvent aussi le rejet des classes populaires, affligées par la dégradation de leurs conditions de vie.

D'après une enquête de l’Institut Edison pour le compte d’un consortium d’agences de presse appelé The National Election Pool (NEP), Donald Trump a eu la préférence des voix des milieux populaires avec 79% des suffrages contre 20% pour Harris. Les frustrations économiques entretenues par l’inflation et la baisse ont contrarié la performance de la candidate démocrate. Au moins 45% des électeurs interrogés cette année par l'institut Edison soutiennent que la situation économique de leur ménage s’est dégradée, contre 20% lors du scrutin de 2020.

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