Anat Schwartz, aucune expérience journalistique
Le prestigieux quotidien américain, The New York Times, se trouve au cœur d'une controverse suite à la publication, en décembre dernier, d'un reportage mettant en cause le Hamas dans des allégations de violences sexuelles.
Ce récit, qui a suscité une attention internationale, est désormais scruté et remis en question, notamment après des révélations faites par The Intercept, jetant une ombre sur la fiabilité des informations rapportées.
L'article en question, intitulé "‘Screams Without Words’: How Hamas Weaponized Sexual Violence on Oct. 7" (Des cris sans paroles : Comment le Hamas a utilisé la violence sexuelle le 7 octobre), co-signé par Jeffrey Gettleman, Anat Schwartz, et Adam Sella, se penchait sur des accusations graves de viols et autres violences sexuelles qu'aurait perpétrés le Hamas contre des femmes lors de l’attaque du 7 octobre.
La controverse a pris de l'ampleur après que The Intercept a fait état de doutes sur la méthode de collecte des témoignages et les sources utilisées pour étayer ces allégations.
Anat Schwartz, une réalisatrice israélienne sans expérience journalistique préalable, qui a par ailleurs travaillé dans le service de renseignement de l’armée israélienne, a été particulièrement critiquée pour sa gestion de l'enquête.
Assignée à cette tâche par The New York Times, en collaboration avec Adam Sella et le reporter chevronné Jeffrey Gettleman, Schwartz a admis, lors d'une interview avec la chaîne 12 d'Israël, avoir rencontré des difficultés à corroborer les allégations de violences sexuelles supposément commises par le Hamas.
Schwartz et son équipe auraient basé une partie de leur enquête sur des rumeurs et des témoignages de travailleurs de Zaka (une organisation de secours israélienne), ainsi que sur des “officiels” et soldats des Forces de Défense Israéliennes, sans parvenir à trouver des preuves concrètes.
Malgré cela, ces allégations ont été rapportées sans vérification dans le New York Times, soulevant des questions éthiques et déontologiques sur la rigueur du journal.
La situation est d'autant plus complexe que des publications sur les réseaux sociaux d'Anat Schwartz ont attiré l'attention, notamment un "like" controversé sur un post suggérant “qu’sraël devrait transformer la bande [de Gaza] en un abattoir", ce qui a poussé le NYT à ouvrir une enquête interne.
Démenti par la famille
La crédibilité du récit a aussi été remise en cause par la famille d'une des victimes présumées, soulignant l'absence de preuves tangibles concernant les accusations de viol.
L'enquête du NYT repose principalement sur l'histoire du viol de "Gal Abdush", décrite comme "La femme en robe noire".
Lire aussi: Le narratif israélien à l'épreuve de la vérité
La véracité de l'histoire du New York Times a été contestée presque dès sa publication, par la famille Abdush elle-même, qui affirme qu'il n'y a aucune preuve que Gal Abdush ait été violée et que le New York Times les a interrogés sous de faux prétextes.
Fin décembre, le site Web israélien ‘YNET’ a publié une interview avec Etti Brakha, la mère de Gal Abdush. Dans l'interview, la mère dit que la famille ne savait rien de l'affaire d'agression sexuelle avant la publication de l'article dans le Times.
"Nous ne savions rien du viol du tout. Nous n'avons su qu'après qu'un journaliste du New York Times nous a contactés. Ils ont dit qu'ils ont recoupé les preuves et ont conclu qu'elle avait été agressée sexuellement", a-t-elle affirmé.
Puis, le 1er janvier, Nissim Abdush, le beau-frère de Gal, est apparu dans une interview sur la chaîne israélienne 13. Au cours de l'interview de 14 minutes, Nissim a nié à plusieurs reprises que sa belle-sœur ait été violée.
Il a expliqué que son frère Nagi l'avait appelé à 7h00, disant que sa femme avait été tuée, et qu'il était à côté de son corps. Il a continué à communiquer jusqu'à 7h44 et n'a jamais mentionné quoi que ce soit de lié à une agression sexuelle.
Nissim a également déclaré qu'aucune partie officielle ne les avait informés de ces doutes ou de cette enquête, ni la police ni les experts médico-légaux. Dans l'interview, Abdush a réitéré que la femme de son frère n'avait pas été violée et que "les médias l'ont inventé."
La sœur d'Abdush, Miral Alter, a également déclaré dans un post Instagram, qu'il "n'existe aucune preuve d’un viol."
Cette affaire soulève des interrogations cruciales sur la vérification des faits, la responsabilité des médias dans la couverture de conflits sensibles et l'impact de telles allégations sur les personnes impliquées.
Tandis que le New York Times a annoncé ouvrir une enquête au sujet d’Anat Schwartz, la presse française, qui a ,pendant de long mois repris et surfé sur la vague de ces fausses allégations pour diaboliser le Hamas et légitimer la violence israélienne, n’a toujours fait aucune mention des nouvelles révélations autour de “l'enquête” du NYT.