Bamako, avec une vue de la Banque centrale sur les berges du fleuve Niger... / Photo: Getty Images (Getty Images)

Les quatre employés de Barrick Gold, l’entreprise canadienne exploitant de l’or sur le site de Loulo-Gounkoto, dans le sud du Mali, ont finalement été libérés après une brève détention. Ils étaient accusés “d’infraction financière”, alors que la tension entre Barrick Gold et les autorités maliennes était vive.

Les relations entre le gouvernement de transition, au pouvoir au Mali depuis 2022, et Barrick Gold se sont brusquement tendues ces derniers mois, du fait des réticences du groupe minier canadien à appliquer les réformes adoptées par Bamako.

En Août 2023, le Mali a adopté un nouveau code minier avec l’objectif de faire profiter effectivement au pays les ressources de son sous-sol.

Un audit réalisé en 2022 à la demande des autorités a révélé que le pays perdait entre 500 millions et un milliard de dollars, du fait de l’exploitation minière qui profitait surtout aux compagnies occidentales.

D'où l'adoption d’un nouveau code minier. Il fixe à 30% la part maximale de l’État dans les mines et introduit une participation de 5 % pour les investisseurs locaux.

Le Mali vise 762 millions d’euros

"Le nouveau code permet désormais au gouvernement de prendre une participation de 10% dans les projets miniers et l'option d'acheter 20% supplémentaires au cours des deux premières années de production commerciale", a indiqué le ministre des mines Amadou Keita.

"Une participation supplémentaire de 5% pourra être octroyée au secteur privé malien, ce qui porterait les intérêts publics et privés nationaux dans les nouveaux projets à 35%, contre 20% aujourd'hui", soulignait-il.

Avec cette réforme, le gouvernement malien attend chaque année des revenus d’au moins 762 millions d’euros issus des mines. Les exonérations fiscales qui faisaient perdre à l'Etat chaque année 91 millions d’euros ont également été supprimées.

Après des discussions avec les opérateurs du secteur de la mine, le gouvernement malien a imposé l’application de la loi aux entreprises existantes. Cette rétroactivité de la loi a été mal accueillie par Barrick Gold qui traînait encore le pas avant l’arrestation de ses employés.

Bamako, la capitale malienne (Getty Images)

Pays enclavé, le Mali ne mise que sur son secteur minier pour engranger des devises. En 2022, il a produit un peu plus de 72 tonnes d’or, soit 10% du PIB, 25 % du budget et 75 % de ses exportations. Le sous-sol malien recèle aussi du lithium et du fer et les recherches pétrolières sont prometteuses.

L’exploitation du secteur minier malien est encore dominée par des entreprises étrangères. On y compte le canadien Barrick Golf et B2Gold avec des participations de 20 % de l’État malien et la britannique Hummingbird Resources.

La démarche adoptée par les autorités maliennes pour engranger le maximum de bénéfices de son sous-sol est aussi en vigueur au Niger et au Burkina Faso.

TRT Français et agences