Dr Abu Sayifa, le dernier médecin en service dans le nord de Gaza. / Source  compte Instagram du Dr Hussam Abu Safiya. (Others)

Dans le sillage de la guerre d’extermination qu’il mène contre les Palestiniens depuis le 7 octobre dernier, Israël a durci le siège du nord de Gaza en y rendant la vie presque impossible. Depuis octobre dernier, outre la nourriture, l’eau et les fournitures humanitaires, les 400 000 habitants de cette région du nord de Gaza sont quasiment privés d’accès aux soins médicaux. Un seul hôpital tente encore d’administrer des soins, dans la limite de ses possibilités.

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L’hôpital Kamal Adwan, à Beit Lahiya, fonctionne au ralenti après une série d’attaques israéliennes soutenues. Le 25 octobre à 2 heures du matin, l’armée israélienne a encerclé l’hôpital –qui avait déjà fait l’objet d’un raid militaire en décembre 2023– et a commencé à bombarder le bâtiment et ses cours abritant quelque 200 malades et déplacés, rapporte l’agence Anadolu.

Des obus ont touché le troisième étage, détruisant les fournitures médicales que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait livrées les jours précédents et endommageant l’unité de dialyse de l’hôpital. L’attaque a également coupé le générateur d’oxygène médical de l’hôpital, entraînant la mort de deux nourrissons dans l’unité de soins intensifs.

"Ce développement est profondément inquiétant étant donné le nombre de patients servis et de personnes abritées sur place", a réagi Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS sur son compte X, déplorant au passage la perte de contact avec cet hôpital.

Lundi, l'entrée de l'hôpital a encore été la cible des drones de l'armée israélienne qui, quelques jours plus tôt, a arrêté, détenu puis expulsé le personnel et les malades qui s’y trouvaient.

Résilience

Malgré toutes ces menaces et brimades, le Dr Hussam Abu Safiya, pédiatre et directeur de l'hôpital, a refusé d'évacuer Kamal Adwan. Il a été brièvement détenu pendant le raid israélien du 25 novembre, rapporte le média +972 magazine, avant de retourner soigner ses patients malades et blessés.

Le Dr Abu Sayifa avec une délégation de l'OMS venue évacuer des patients de l’hôpital Kamal Adwan vers l’hôpital Al-Shifa dans l'ouest de Gaza. / Source : compte instagram du Dr Hussam Abu Safiya. (Others)

Alors qu'il retournait auprès de ses patients, un drone israélien a tué son fils de 15 ans, Ibrahim, qui se trouvait à l'hôpital avec le reste de sa famille. Dans une vidéo tournée le 26 octobre, on aperçoit le Dr Abu Safiya tout éploré, diriger les prières funéraires pour son fils dans la cour de l'hôpital.

“J'ai refusé de quitter l'hôpital et de sacrifier mes patients, alors l'armée m'a puni en tuant mon fils. Je l'ai vu mourir à l'entrée de l'hôpital, ce fut un grand choc. J'ai trouvé une tombe pour lui près d'un des murs de l'hôpital, afin qu'il puisse rester près de moi”, explique -t-il au média +972 magazine.

“Nous faisons ce que nous pouvons et nous ne nous arrêterons jamais. Je ne renoncerai pas à délivrer mon message humanitaire : mon métier est mon devoir et je dois continuer à l'exercer. Je resterai à l'hôpital jusqu'au dernier moment”, a-t-il assuré.

L'hôpital Kamal Adwan souffre de graves pénuries de matériel médical, de personnel et d'autres équipements, alors que “les blessés portés sur les épaules ou sur des charrettes tirées par des animaux ne cesse de croître”.

“Les ambulances sont complètement hors service après avoir été prises pour cible par l'armée israélienne. Le nombre de blessés [arrivant à l'hôpital] étant si élevé, nous sommes obligés de choisir entre elles pour traiter les cas les plus graves”, conclut docteur Abu Safiya, le seul médecin exerçant encore dans le nord de Gaza.

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