Après cinq mois et demi de guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, au bord de la famine, M. Guterres "devrait répéter ses appels à un cessez-le-feu humanitaire" à Gaza, selon son porte-parole adjoint Farhan Haq.
Les bombardements israéliens ne connaissent aucun répit dans ce territoire assiégé, notamment dans et autour de l'hôpital al-Chifa de la ville de Gaza (nord), où l'armée israélienne a affirmé samedi avoir tué plus de 170 palestiniens et arrêté des centaines d’autres depuis le début de la semaine.
A Rafah (sud), un bombardement nocturne sur une maison a tué une grand-mère, Nadia Kawareh, 65 ans, et quatre de ses petits-enfants âgés entre 3 et 12 ans, selon des proches et le ministère de la Santé de Gaza qui a fait état aussi de 14 blessés.
Tôt samedi, le ministère de la Santé de Gaza a fait état de 67 morts au cours de la nuit et de la soirée à travers le territoire.
"Nous en avons assez, je vous assure. Lâchez une bombe sur nous et libérez-nous de cette vie (...) Aucun être humain ne pourrait supporter ce qui nous arrive", dit en pleurant Turkiya Barbakh, proche de victimes de frappes dans le sud de Gaza.
Le patron de l'ONU doit rencontrer samedi des travailleurs humanitaires du "côté égyptien" de Rafah, ville de Gaza adossée à la frontière dans laquelle s'entassent 1,5 million de Palestiniens, d'où les craintes pour la population en cas d'opération terrestre sur place.
La question a été au cœur des échanges vendredi à Tel-Aviv entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui s'opposent à cette opération.
Ce dernier a affirmé qu'une telle opération "risque de tuer davantage de civils (...), d'isoler Israël davantage au niveau mondial et de mettre en danger sa sécurité à long terme".
"Hypocrite"
M. Blinken a achevé vendredi une nouvelle tournée dans la région, qui l'a conduit en Egypte et en Arabie saoudite, pour tenter également d'accroître l'aide humanitaire dans la bande de Gaza et soutenir les pourparlers au Qatar en vue d'une trêve.
Pendant ce temps à l'ONU, un projet de résolution au Conseil de sécurité, présenté par les Etats-Unis, sur un "cessez-le-feu immédiat", n'a pas été adopté vendredi en raison des veto russe et chinois.
Depuis le début de la guerre, les Etats-Unis s'étaient opposés à l'utilisation du terme "cessez-le-feu" dans les résolutions onusiennes, bloquant trois textes en ce sens.
Ils ont finalement décidé de mettre aux voix ce nouveau texte qui mentionnait "la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat et durable".
Mais la Russie et la Chine ont critiqué une formulation ambiguë n'appelant pas directement à faire taire les armes. L'ambassadeur russe Vassili Nebenzia a notamment dénoncé le "spectacle hypocrite" des Etats-Unis alors que "Gaza a quasiment été effacée de la carte".
Un nouveau vote sur un nouveau projet de résolution exigeant un cessez-le-feu "immédiat", préparé par huit des dix membres non permanents du Conseil, est prévu lundi.
Aide insuffisante
"Avant le 7 octobre, une moyenne de 500 à 700 camions entraient chaque jour à Gaza. Aujourd'hui, la moyenne est d'à peine 150", a chiffré sur X Philippe Lazzarini, le patron de l'Agence de l'ONU pur les réfugiés palestiniens (Unrwa).
"Le siège, la faim et les maladies deviendront bientôt les principales causes des morts à Gaza", avait-il récemment averti.
Pour soulager la population, plusieurs pays organisent des parachutages de vivres et ont ouvert un couloir maritime depuis Chypre vers Gaza. Mais l'aide reste insuffisante face aux besoins des 2,4 millions d'habitants de Gaza.
Les assauts de l’armée israélienne ont fait 32.070 morts à Gaza, selon le dernier bilan du ministère de la Santé de Gaza.
Israël impose un siège complet au territoire palestinien depuis le début de la guerre et contrôle strictement l'aide qui arrive principalement depuis l'Egypte via Rafah. Or ces contrôles ont pour effet, selon l'ONU, de réduire le nombre de camions entrant dans le territoire.