L’Afrique rentre des Jeux olympiques de Paris avec une moisson de 39 médailles. Deux médaillés en plus par rapport aux JO de Tokyo de 2021.
Pour autant, les performances de certains athlètes ont marqué les esprits. Ainsi pour la première fois, le continent est entré dans la cour des grands pour contester le leadership séculaire des Américains en sprint.
Letsile Tebogo, nouveau roi du sprint
Le 8 août 2024 à Paris, Letsile Tebogo a remporté le 200 m avec un chronomètre de 19’45’’. Le Botswanais est ainsi devenu le premier africain à s'imposer sur la distance. Il aurait pu battre le record du monde, s’il n’avait commencé à célébrer avant d’avoir franchi la ligne d'arrivée. Son mérite est d’autant plus grand qu’il s’est imposé devant l'américain Noah Lyles, triple champion du monde en 2023 (100 m, 200 m, 4x100 m).
Letsile Tebogo a insufflé sa dynamique à l'équipe botswanaise de 4x100 m qui a terminé à la deuxième place en 2 min 54 sec 53 juste après l'équipe américaine qui a terminé en 2 min 54 sec 43
Les kényans confirment
Les kényans ont confirmé les espoirs placés en eux grâce à leurs atouts dans les courses de fond. Béatrice Chebat s’est affirmée comme étant l'impératrice des 10 000 et 5000 mètres, des épreuves qu’elle a remportées haut la main.
Avec un nouveau record des jeux en 3 minutes 51,29 secondes, Faith Kipyegon, déjà détentrice du record du monde, a honoré son statut de patronne du 1500 m féminin.. Elle entre dans l’histoire comme la seule athlète à remporter une troisième médaille d’or d'affilée sur 1500 mètres, après Rio en 2016 et Tokyo en 2021.
Dans ce tableau dominé par les dames, Emmanuel Wanyonyi est le seul Kenyan à remporter une médaille en or. Le jeune kényan de 20 ans a remporté la médaille d’or avec un chrono de 1'41''19, devant le Canadien Marco Arop de seulement un centième de seconde (1'41''20) dans une course pleine de suspens.
Tamira Tola, Josua Cheptegei et Soufiane El Bakkali
Profitant de l'absence du kenyan Eliud Kipchoge double champion olympique (2016 et 2021), contraint à l'abandon en raison des douleurs lombaires, l’Ethiopien Tamira Tola s’est imposé à Paris.
L'Ougandais Josua Cheptegei, le triple champion du monde du 10 000 mètres (2019 à Doha, en 2022 à Eugene et en 2023 à Budapest) n’a laissé aucune marge au suspens.
Le marocain Soufiane El Bakkali n’a pas tremblé dans les 3000 mètres steeple. Il a conservé son titre olympique glané à Tokyo en 8’06’’05 et offre au Maroc son unique médaille d’or des jeux.
L’Afrique est aussi une terre de natation
Au-delà de l'athlétisme, l’Afrique a brillé dans d’autres disciplines.
En natation, la Sud-africaine Tadajna Smith a confirmé les espoirs placés en elle. Vainqueur au 100 mètres nage brasse, elle a aussi glané une médaille d’argent aux 200m dans la même discipline.
À Tokyo en 2021, elle s'était déjà imposée à l’inverse aux 200 mètres et gagnant de l’argent aux 100 mètres. A l’issue des JO de Paris , elle a annoncé sa retraite internationale.
"J'ai adoré chaque instant. Mais je pense que je suis vraiment en paix. J'ai donné 22 ans pour ce sport", a-t-elle dit."Je me réjouis à l'idée d'avoir de nouveaux objectifs qui n'impliquent pas la natation et de voir où la vie me mènera".
L'Algérie brille aux JO
L'Algérie a fait sensation aux Jeux Olympique de Paris grâce à deux femmes.
La boxeuse Imane Khelif chez les moins de 66kg repart avec la médaille d’or, après les polémiques sur sa féminité qui ont émaillé son parcours. Beaucoup de journaux l’ont remise en cause en raison de sa morphologie et de sa puissance notamment.
"Je suis une femme forte avec des pouvoirs spéciaux. Depuis le ring, j'ai envoyé un message à ceux qui étaient contre moi", a-t-elle déclaré aux médias, après avoir retenu ses larmes en montant sur le podium. "J'ai fait l'objet d'attaques et d'une campagne féroce et c'est la plus belle réponse que je puisse donner. La réponse a toujours été sur le ring".
Et que dire alors de Kalia Nemour en barres asymétriques féminines? La gymnaste artistique franco-algérienne, née à Saint-Benoît-la-Forêt, concourait d'abord pour la France, puis, à partir de mai 2023, pour l'Algérie à la suite d'un conflit avec la fédération française qui n’a pas cru en elle. Vainqueur du concours dans sa discipline, elle a répondu d’une belle manière à ceux qui doutaient encore d’elle.
Ahmed Legendya a, pour sa part, offert à l'Égypte sa seule médaille d'or de ces Jeux olympiques de Paris et établi un record du monde de sa discipline en 1555 points.
Il convient aussi de relever les performances dans les sports de combat. Cheikh Sallah Cisse chez les poids lourds + 80 kg en taekwondo et David Pina en 51 Kg boxe, ont tous remporté des médailles en bronze pour la Côte d’Ivoire et le Cap Vert, respectivement.
La médaille d’or du Tunisien Firas Katousi au taekwondo chez les plus de 68 kg est aussi à souligner.
Une médaille historique pour le football marocain
Pour la première fois de son histoire et dans l’histoire d’un pays arabe, l’équipe marocaine de football a remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques après un récital (6-0) contre l’Égypte, au stade de la Beaujoire, à Nantes.
En sept participations, les Marocains n'avaient jamais fait mieux qu'une huitième place à Munich en 1972. Ils ont su tenir leur rang de favoris, dans ce match pour la 3e place, pour prendre le dessus sur l'Égypte et décrocher une médaille de bronze aux JO de Paris 2024.
Des déceptions
Hughes Fabrice Zongo, le roi du triple saut burkinabè était très attendu pour une médaille en or au triple saut. Il a terminé cinquième.
Le Kenyan Eliud Kipchoge, maître incontesté du marathon, champion olympique à trois reprises (2008, 2016, 2021) a dû abandonner pour des douleurs lombaires. Abandon aussi pour la sprinteuse ivoirienne Marie José Ta Lou, victime d’une blessure en finale des 100 m féminin.
Néanmoins, la participation de l'équipe du Soudan du Sud de basket-ball a fait forte impression et s’apparente à une victoire, malgré son élimination. Pour une première sortie aux JO, elle a fait bonne figure et suscite beaucoup d’espoirs pour l'avenir.
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