L'Autorité palestinienne a salué lundi la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza, territoire dévasté par six mois de guerre israélienne.
"Nous saluons la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza", a déclaré le ministre palestinien des Affaires civiles, Hussein Al-Cheikh, sur le réseau social X. "Nous demandons l'arrêt définitif de cette guerre criminelle et le retrait immédiat d'Israël de la bande de Gaza", a-t-il ajouté.
Le Hamas a exprimé sa "volonté d'engager un processus d'échange" de prisonniers contre otages "immédiatement" ainsi que celui "d'atteindre un cessez-le-feu permanent conduisant au retrait de toutes les forces" israéliennes du territoire.
De son côté, Israël - par la voix de son ministre de la Défense, Yoav Gallant - a affirmé ne pas avoir "le droit moral d'arrêter la guerre tant qu'il y a des otages à Gaza", et annulé la visite d'une délégation à Washington en réaction à l'abstention américaine.
Le Qatar, médiateur dans les pourparlers entre le Hamas et Israël, s'est félicité du vote de l'ONU et a appelé les deux parties à s'engager "de manière positive dans les négociations en cours".
Dans le même sillage, la Turquie a jugé "positive" l'adoption de la résolution de l’ONU, appelant à trouver une "solution durable" au conflit israélo-palestinien.
"Nous considérons la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza pendant le mois du ramadan et un accès humanitaire à Gaza comme une étape positive", écrit le ministère turc des Affaires étrangères qui dit "espérer qu'Israël se conformera dans les plus brefs délais aux exigences de cette résolution".
L'Égypte a, pour sa part, salué un "premier pas important et nécessaire pour arrêter l'effusion de sang", tout en notant "le déséquilibre" de la résolution en raison de sa "durée limitée et les obligations qu'elle comporte".
Pour sa part, le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, a souhaité que la résolution, qui "demande un cessez-le-feu durable et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages", soit "pleinement mise en oeuvre".
Décision contraignante
L'ONU et certains pays membres ont réagi à l'affirmation des Etats-Unis, selon laquelle la résolution adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU est "non-contraignante", notant que la résolution est bel et bien contraignante.
"Nous sommes ravis que le Conseil ait adopté la résolution tant attendue exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza et la libération des prisonniers", a déclaré Pedro Comissario, représentant du Mozambique auprès des Nations unies, au nom du groupe des "10 membres élus".
La résolution a été présentée au Conseil par le groupe des 10 élus, qui comprend l'Algérie, l'Équateur, la Guyane, le Japon, Malte, le Mozambique, la République de Corée, la Sierra Leone, la Slovénie et la Suisse.
Exhortant l'acheminement immédiat et ininterrompu de l'aide humanitaire à Gaza, Pedro Comissario a déclaré : "Les 10 espèrent que la résolution adoptée aujourd'hui sera mise en œuvre de bonne foi par toutes les parties et qu'elle contribuera à alléger les souffrances de la population de Gaza".
Il a également exprimé l'espoir que la résolution "ouvre la voie à des perspectives plus positives en vue d'une paix durable au Moyen-Orient".
Interrogé sur les allégations des États-Unis qui qualifient la résolution de "non contraignante", il a affirmé que "toutes les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sont contraignantes et exécutoires".
L'adoption de la résolution sur le cessez-le-feu est un "jour historique"
S'exprimant au nom du groupe arabe, le représentant palestinien auprès des Nations unies, Riyad Mansour, a qualifié l'adoption de la résolution de "jour historique" et a déclaré qu'il s'agissait d'un "pas important" vers la fin de l'agression contre les Palestiniens.
"Je pense que le cessez-le-feu ouvrira la voie à la mise en œuvre de ce deuxième objectif (la fin de l'agression contre les Palestiniens)", a souligné Mansour.
Fustigeant la position des États-Unis, qui ont soutenu que la résolution n'était pas contraignante, Mansour a déclaré : "Nous nous présentons devant le Conseil de sécurité. Ils nous disent que ce n'est pas contraignant. Nous ne sommes pas d'accord. Les résolutions du Conseil de sécurité sont contraignantes".
"Et si Israël ne l'applique pas, il est du devoir du Conseil de sécurité de recourir au Chapitre VII pour prendre des mesures punitives afin de le contraindre à se conformer à la résolution du Conseil de sécurité", a-t-il ajouté.
Saluant les efforts du Secrétaire général de l'ONU en faveur d'un cessez-le-feu humanitaire et sa visite en Égypte et en Jordanie, Mansour a déclaré : "Nous le saluons. Nous le défendrons."
Il a également annoncé que le groupe arabe s’apprêtait à travailler sur un autre projet de résolution demandant que Rafah ne soit pas occupée.
"Rafah doit être protégée. Nous ne devons pas générer une situation humanitaire horrible ou encore des crimes", a spécifié Mansour.
Barbara Woodward, représentante du Royaume-Uni auprès des Nations unies, a également commenté la résolution lors d'une brève réunion d'information et a appelé à sa mise en œuvre immédiate.
"Cette résolution doit être mise en œuvre immédiatement. Je l'ai dit dans mon explication de vote. Elle envoie un message clair du Conseil, un message uni du Conseil, et nous nous attendons à ce que toutes les résolutions du Conseil soient mises en œuvre. Celle-ci n'est pas différente. Les exigences de la résolution sont absolument claires", a-t-elle clarifié.
Pour sa part, le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Haq, a expliqué lors de son point de presse quotidien que "toutes les résolutions du Conseil de sécurité sont partie intégrante du droit international. Elles sont aussi contraignantes que les lois internationales".
Après l'adoption de la résolution, les États-Unis ont affirmé que celle-ci n'était pas contraignante en raison de l'utilisation dans la résolution de la formulation "le cessez-le-feu est demandé" au lieu de "décide de la nécessité d'un cessez-le-feu".
Toutefois, selon l'article 25 de la Charte des Nations unies, il n'est pas nécessaire de recourir aux dispositions du Chapitre VII pour que les résolutions soient contraignantes.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, lundi, une résolution exigeant un cessez-le-feu à Gaza pendant le mois sacré du Ramadan, qui a débuté le 11 mars courant et s'achèvera le 9 avril prochain.
Quatorze pays ont voté en faveur de la résolution, présentée par dix membres élus du Conseil, tandis que les États-Unis se sont abstenus.
La résolution appelle à un "cessez-le-feu immédiat pour le mois de Ramadan, respecté par toutes les parties et conduisant à un cessez-le-feu durable".
Elle exige également "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers, ainsi que la garantie d'un accès humanitaire pour répondre à leurs besoins médicaux et autres besoins d'ordre humanitaire."
Elle survient alors qu’Israël mène une offensive militaire meurtrière contre la bande de Gaza depuis le 7 octobre tuant 32.333 Palestiniens, tel que communiqué par les autorités sanitaires de la bande de Gaza dans leur dernier bilan .
La guerre israélienne a poussé 85% de la population de Gaza à se déplacer à l'intérieur du territoire, dans un contexte de pénurie aiguë de nourriture, d'eau potable et de médicaments, tandis que 60 % des infrastructures de l'enclave ont été endommagées ou détruites, selon l'ONU.
Israël est, de surcroît, poursuivi devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) pour crime de génocide. Une ordonnance rendue par la CIJ, en janvier dernier, a enjoint Tel-Aviv de mettre fin aux agissements à caractère génocidaire et de prendre des mesures pour garantir l'acheminement de l'aide humanitaire à la population civile de la bande de Gaza.