Quatre Palestiniens ont été blessés par balles réelles jeudi, après que les forces israéliennes ont pris d'assaut la ville de Qaffin, au nord de Tulkarem en Cisjordanie occupée, rapporte l’agence de presse palestinienne Wafa.
D’après des sources locales, les militaires israéliens ont fait usage de balles réelles et des grenades lacrymogènes contre des jeunes Palestiniens lors de cet assaut.
La veille, les forces israéliennes avaient encore tué quatre Palestiniens, dont deux adolescents, lors d'opérations dans le nord de la Cisjordanie occupée, d’après le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne.
Depuis le début des opérations terrestres et des frappes aériennes contre Gaza le 7 octobre dernier, au moins 259 Palestiniens ont déjà été tués en Cisjordanie par l’armée ou des colons israéliens, selon un bilan de l'Autorité palestinienne.
Il ne se passe pas un jour sans que l’on n’enregistre de graves incidents se soldant le plus souvent par la mort de Palestiniens.
La violence des colons israéliens a considérablement augmenté, passant d'une moyenne déjà élevée de trois incidents par jour en 2023 à sept par jour maintenant, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OHCA).
Depuis le 7 octobre, l'OCHA a enregistré 171 attaques de colons contre des Palestiniens, entraînant 26 incidents différents qui ont fait des victimes et endommagé 115 propriétés palestiniennes ainsi qu’une trentaine d'incidents signalés à la fois de dommages matériels et de victimes.
Les Nations-Unies ont déjà recensé le déplacement de 820 Palestiniens en Cisjordanie. Ces derniers sont obligés d’abandonner maisons et plantations pour sauver leur vie.
Les colons usent souvent de violence et de provocations pour expulser les Palestiniens de leurs maisons et terres, sous le regard passif des soldats israéliens.
Les colons imposent régulièrement des restrictions d’accès à certaines routes, perturbant considérablement la vie quotidienne des habitants de la Cisjordanie. Ces derniers temps, l’épicentre de la violence s’est déplacé vers les villes d’Al Khalil (Hébron) et Jenine. Interdits d’emprunter certaines routes, les enfants sont privés d’école alors que les adultes ne peuvent vaquer à leurs activités de subsistance comme l’agriculture ou l’élevage.
En cas d’incidents avec les soldats, l’armée utilise des punitions collectives. Elle détruit souvent des points de ravitaillement en eau, le réseau de courant électrique et détruit même des routes.
Distribution des armes et incitations diverses
Le gouvernement de Benjamin Netanyahou a facilité l’accès des colons aux armes “pour leur sécurité”. Cela a occasionné une multiplication des incidents “avec un cas sur trois impliquant des colons armés” venus intimider les Palestiniens. Début octobre, le ministre israélien de la Sécurité nationale (issu de l’extrême droite), Itamar Ben-Gvir, a distribué 10.000 fusils d’assaut à des "unités de sécurité" civiles.
“Le 12 octobre, huit ménages, comprenant 51 personnes, ont été déplacés de la communauté d'éleveurs de Shehda WaHamlan à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, après que des colons les ont menacés avec des armes, leur disant qu'ils les tueraient et mettraient le feu à leurs tentes pendant la nuit”, rapporte le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU.
Cette montée de violence en Cisjordanie, participe d’une stratégie gouvernementale visant à faciliter et à accélérer la colonisation de la Cisjordanie. Les colons semblent profiter de l’attention focalisée sur Gaza pour agir.
D’après un rapport des organisations israéliennes de défense des droits humains B'Tselem et Kerem Navot, la population des colonies juives dites illégales en Cisjordanie a augmenté de 42% depuis 2010, pour atteindre 441.619 personnes.
"L'État (d’Israël) offre aux colons des privilèges très importants dans le domaine du logement, insiste le rapport. À tel point que même dans les colonies juives, il permet à ceux qui ne sont pas en mesure d'acheter une maison d’en obtenir une. Pour l'année dernière seulement, le nombre de colons a augmenté de 3,2 %. Alors que la croissance démographique totale d'Israël n'a atteint que 1,9 % l'année dernière. Cela signifie donc que la croissance démographique dans les colonies est de plus de 68%".
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Cette montée de la violence en Cisjordanie portée par un gouvernement qui compte en son sein l’extrême droite, les ultra-orthodoxes suscite des préoccupations, même chez les alliés les plus fidèles d’Israël. Lors des violences dans les localités de Qusra et El-Sawiya le 29 octobre dernier, l’Allemagne avait invité les autorités israéliennes à “protéger” les Palestiniens des “colons extrémistes”.
La France, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, condamnait “ fermement les attaques des colons qui ont conduit à la mort de plusieurs civils palestiniens (...) a Qusra et El-Sawiya, ainsi qu’au départ contraint de plusieurs communautés”.
L’intensification de la violence en Cisjordanie, du fait des avancées de la colonisation, renseigne des difficultés à venir en cas d’adoption de la solution à deux États, telle que convenue dans les accords de paix d’Oslo en 1993. Après Gaza, la Cisjordanie est un deuxième chaudron prêt à exploser à tout moment.
