Manifestation contre les meurtres par la police de personnes protestant contre l'imposition de hausses d'impôts par le gouvernement à Nairobi, au Kenya, le 2 juillet 2024. / Photo: Reuters (Reuters)

De nouvelles manifestations sont prévues, ce mardi, au Kenya après un appel à poursuivre la mobilisation contre le gouvernement du président William Ruto entamée mi-juin et qui a fait 39 morts.

Cette vague de contestations meurtrière provoquée par le projet de budget du gouvernement instaurant de nouvelles taxes, s’est muée en un mouvement national de défiance contre le gouvernement en place.

Le chef de l’Etat avait annoncé, mercredi, le retrait du projet de budget 2024-2025, au lendemain d’une journée de violences marquée par la prise d’assaut du Parlement par les manifestants. La police avait alors tiré à balles réelles sur la foule.

Le projet de budget 2024-2025 prévoyait notamment une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 16% sur le pain et une taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules particuliers. Le gouvernement estime les nouvelles taxes nécessaires en raison du fort endettement du pays. Les augmentations de taxes prévues devaient permettre de financer ledit budget, tablant sur 4 000 milliards de shillings (soit 29 milliards d’euros) de dépenses, un record.

39 morts

La dette publique du Kenya s’élève à environ 10 000 milliards de shillings, soit environ 70% du PIB.

Selon la Commission nationale des droits humains du Kenya (KNHCR), 39 personnes ont trouvé la mort depuis la première manifestation, en date du 18 juin. De son côté, Human Rights Watch rapporte un bilan de 31 morts. Le président William Ruto a, lui, évoqué dans une interview, dimanche, un bilan de 19 morts, estimant n’avoir "pas de sang sur les mains" et que la police "a fait de son mieux" pour préserver l’ordre, selon Le Monde.

Mardi matin, plusieurs magasins sont restés fermés dans le centre d’affaires de la capitale Nairobi, épicentre des précédentes mobilisations de rue, rapporte la même source.

Depuis la mobilisation sanglante du 25 juin, les appels à manifester ont été diversement suivis par la jeunesse, qui constitue le cœur du mouvement, dont la "génération Z" (jeunes nés après 1997, ndlr).

Un rassemblement en hommage aux victimes s’est tenu, dimanche, et avait réuni quelques centaines de personnes qui ont scandé "Ruto must go !" ( "Ruto doit partir !" )

Elu en août 2022, William Ruto s’était engagé à défendre les plus démunis, mais il avait, depuis, pris des mesures d’austérité qui ont dégradé le pouvoir d’achat des Kenyans.

AA