Il ne se passe pas un jour sans que l’armée israélienne n’annonce des morts parmi ses soldats engagés dans les opérations militaires à Gaza depuis le 7 octobre.
En date du 28 décembre 2023, les forces armées israéliennes ont indiqué que 498 soldats ont été tués depuis le 7 octobre dernier. Elles ont par ailleurs ajouté que “2 110 soldats ont été blessés dont 335 grièvement, 588 modérément et 1 187 légèrement”. Au 29 décembre, trois autres soldats sont morts au combat, portant à 501 le nombre de militaires morts.
Tout en admettant l’âpreté des combats, l’armée israélienne a affirmé que ses opérations pourraient se prolonger sur “plusieurs mois" malgré les inquiétudes croissantes au niveau humanitaire.
Au sein de l’opinion publique, l’inquiétude est perceptible dans les prêches des rabbins.
“Chaque jour, c'est avec le cœur meurtri que l'armée israélienne Tsahal autorise la publication des noms des soldats morts au combat à Gaza, et chaque jour, ce sont des veuves, des orphelins et des parents endeuillés qui viennent s'ajouter au lourd tribut que le peuple juif paie dans cette guerre. Qu'attendons-nous pour supplier Hachem de nous envoyer le Machia'h ?” lance le médiatique rabbin Rav Baroukh Rosenblum au cours d’une prédication.
Mais l’opinion publique israélienne a du mal à comprendre le nombre élevé de soldats tués par “leurs frères d’armes”. Le 12 décembre dernier, La radio de l'armée israélienne, citant des sources militaires, a rapporté que 20 soldats ont été tués par des "tirs amis" lors de l’offensive terrestre menée à Gaza. D'après cette source, le nombre de soldats tués par erreur représente environ 1/5ème du nombre total de 105 soldats israéliens tués lors des affrontements à Gaza au 12 décembre.
Entre temps, le nombre total de soldats tués au front a été multiplié par plus de quatre, passant de 105 morts à 498, au 27 décembre 2023.
Paul Rogers, professeur émérite d'étude sur la paix à l'université de Bradford en Angleterre, fait remarquer dans un article paru dans The Guardian que les brigades Al Qassam, présentées comme "décimées" arrivent à tuer des dizaines de soldats israéliens, dont de hauts gradés "dans des zones de Gaza prétendument contrôlées par Tsahal".
“Dix soldats de Tsahal ont été tués et d’autres grièvement blessés, notamment un colonel et trois majors de la brigade d’élite Golani”, note Paul Rogers ajoutant que le Hamas, “soi-disant décimé et avec des milliers de soldats déjà tués, puisse organiser une telle opération n’importe où à Gaza, sans parler d’un district qui serait déjà sous le contrôle de Tsahal, devrait faire douter de l’idée selon laquelle Israël fait des progrès substantiels dans la guerre“.
Près de 500 soldats israéliens sont déjà morts au front. C’est beaucoup, d’après des experts.
Le Professeur John Mierschmeier de l'Université de Chicago refuse d’attribuer les centaines de morts de soldats israéliens aux “prouesses” du Hamas. Le politologue est convaincu que la plupart des Israéliens tués le 7 octobre l'ont été par des soldats de Tsahal pour empêcher le Hamas de les faire prisonniers.
En Israel, la cote de popularite du Premier ministre ne cesse de baisser. Les résultats d’un récent sondage d’opinion publique ont montré que 66 % de la population exige la démission du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, après la guerre, suite à l’échec essuyé face à l’opération menée par le Hamas le 7 octobre depuis la Bande de Gaza. D'après le journal Yedioth Ahronoth, sur les 1442 personnes sondées " plus de la moitié des électeurs du parti Likoud (dirigé par Netanyahu) pensent que Netanyahu devrait démissionner à la fin de la guerre, contre 32 % des électeurs du même parti, qui pensent qu'il ne doit pas démissionner".
Surfant sur cette tendance de l'opinion, le chef de l’opposition Yair Lapid, après avoir exigé la démission du Premier-ministre est désormais partisan de sa destitution. "Netanyahu doit partir maintenant pendant les combats, alors asseyons-nous maintenant sous la direction d'un autre candidat du Likoud. Nous parlerons aux dirigeants du Likud, il y a beaucoup, beaucoup de gens qui comprennent que le pays est entré dans une situation difficile" a-t-il lancé à la mi-octobre, lors d'une interview à la chaîne de télévision israélienne 12 (privée).