Israël ne placera plus de publicités dans le journal Haaretz et ne s’y abonnera plus tandis que les officiels ne donneront plus d’interviews au média.“L’Etat ne va pas soutenir des ennemis de l’Etat impliqués dans une guerre”, indique un communiqué du bureau du ministre de la Communication.
“De nombreux articles ont porté atteinte à la légitimité de l'État d'Israël et à son droit à l'autodéfense”, a justifié le gouvernement.
En réaction à la décision gouvernementale, Haaretz a écrit: “Netanyahu essaie de faire taire un journal critique et indépendant. Haaretz ne va pas reculer et se transformer en brochure pro-gouvernementale qui publie des messages approuvés par le gouvernement.”
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Mairav Zonszein, analyste pour International Crisis Group, estime que le boycott du journal montre qu’Israël est dirigé par un gouvernement de plus en plus autoritaire qui veut écraser toute voix dissidente. “L’espace possible pour exprimer une critique s’est considérablement réduit, pas uniquement pour les Palestiniens mais aussi pour les Juifs israéliens”, a-t-elle déclaré.
Haaretz paie ses critiques de Netanyahu
Créé en 1919, Haaretz est le plus ancien journal israélien. Plutôt à gauche, le quotidien est depuis longtemps très critique vis-à-vis du Premier ministre Benyamin Netanyahu. Il a par exemple soutenu la campagne pour un cessez-le-feu en échange de la libération des otages israéliens.
Depuis une année, Haaretz a également mené plusieurs enquêtes qui ont montré les abus perpétrés par des officiels ou par des membres de l’armée, mais ce qui semble avoir provoqué l’ire du gouvernement ce sont les propos de l'éditorialiste et chef du groupe de presse qui possède le journal Haaretz, Amos Schocken, qui, selon les autorités israéliennes, “soutient le terrorisme”.
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Amos Schocken, une voix trop libre
Lors d’une conférence donnée à Londres en octobre, Schoken s'est montré très critique envers le gouvernement de Netanyahu. Selon lui, le gouvernement Netanyahu “ne se préoccupe pas d’imposer un régime d’apartheid cruel à la population palestinienne. Il écarte d’un revers de la main le prix payé pour la défense des implantations de Cisjordanie, en luttant contre les combattants de la liberté qui sont qualifiés de terroristes par Israël”
Ces propos avaient été très mal perçus en Israël et certaines villes ou officiels avaient critiqué Haaretz et pris leurs distances avec le journal. La rédaction du média s’était désolidarisée de son éditeur dans un éditorial début novembre.