L'annonce tient en quelques mots : 3.500 logements en Cisjordanie occupée autour de Jérusalem Est pour développer une colonie déjà existante, Maale Adoumim. La vaste colonie compte déjà près de 40.000 habitants. Orit Struck, ministre des Missions nationales, chargée des colonies juives en Cisjordanie a écrit sur son compte X : "Nous avions promis, nous tenons notre promesse. Ensemble, nous allons continuer à faire progresser les colonies." La colonisation continue donc malgré la guerre à Gaza.
Cette annonce a été critiquée et condamnée par de nombreux pays dont la Turquie, les Etats-Unis, l'Egypte, la Jordanie. La ministre allemande des affaires étrangères a elle aussi condamné : "L'expansion des colonies met en danger la paix et la sécurité de tous dans la région." et elle a appelé Israël à revenir sur l'autorisation donnée à ces constructions.
Dans le même temps, les anciens de Goush Katif, l'ancienne colonie de Gaza rêvent d'un retour. Ils avaient dû quitter Gaza en 2005 lors du retrait des Israéliens de l’enclave palestinienne. Minoritaire dans les années 70, le mouvement des colonies est en pleine expansion. Il bénéficie du soutien sans faille de la droite israélienne. Le gouvernement israélien compte deux ministres originaires de colonies : le ministre des Finances, Bezalel Smotrich qui considère l'existence du peuple palestinien comme une "invention" et le ministre de la Sécurité nationale israélien, Itamar Ben Gvir.
L’ONG anti-colonisation israélienne Peace Now, note dans un rapport qu’elle vient de publier une augmentation importante des activités des colonies : “En 2023, les colons ont établi au moins 26 nouveaux avant-postes coloniaux illégaux, dont au moins 10 pendant le conflit à Gaza qui a débuté le 7 octobre 2023, et au moins 18 d'entre eux sont des avant-postes de colonies agricoles“. En conséquence, 23 communautés palestiniennes ont dû se déplacer, en l’espace d’une année d'exercice pour le nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahu.
Il existe officiellement 146 colonies. Jean-Paul Chagnollaud, président de l'Iremmo, Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient tient à souligner que la colonisation est soutenue par les différents gouvernements israéliens depuis vingt ans et que ce n'est plus un phénomène minoritaire : "C' est constitutionnalisé. La loi de juillet 2018, la fameuse loi sur l’État Nation du peuple juif. L'article 7 dit que l’État fait de la colonisation une valeur nationale et que l'État va tout faire pour soutenir et développer la colonisation."
En 1995, 134 000 personnes vivaient dans des colonies reconnues par Israël en Cisjordanie, selon le Bureau central des statistiques israélien, elles sont 478 600 fin 2022, selon les derniers chiffres disponibles (plus de 700 000 en intégrant Jérusalem-Est).
Gaza est un symbole pour le mouvement des colonies. L'association des colonies de peuplement, Nachala, dont la présidente est Daniella Weiss est l'une des associations à la manœuvre. Celle-ci a une lecture messianique de son travail et elle a annoncé dans plusieurs interviews récentes qu’elle avait 500 personnes prêtes à s’installer à Gaza. Elle a multiplié réunions, publicités et réunion avec des membres du Likoud pour pousser l'idée d'une réimplantation à Gaza.Jean-Paul Chagnollaud insiste : le mouvement n'a jamais accepté le retrait de Gaza il y a vingt ans : "Le véritable objectif, c’est de se débarrasser de la population palestinienne de Gaza. Les principaux responsables de la droite au pouvoir ont pris position dont plusieurs ministres pour dire, il faut chasser les Palestiniens de Gaza. Ils veulent un nettoyage ethnique."
Selon un sondage de l’université Hébraïque de Jérusalem du 17 décembre dernier, 33% des Israéliens souhaitent une recolonisation de Gaza, 56 % sont contre cette annexion. Dans ce calcul, il faut ajouter le poids politique grandissant des colons dans le système politique israélien.