L'armée israélienne a annoncé, ce mardi, que des troupes au sol avaient traversé la frontière pour effectuer des opérations terrestres dans des villages du Sud-Liban, malgré les appels internationaux à la désescalade.
Après une campagne de bombardements massifs à travers le territoire libanais et l’élimination de nombreux leaders du Hezbollah dans des frappes dans la banlieue sud de Beyrouth, dont son chef Hassan Nasrallah, les dirigeants israéliens avaient affirmé que la guerre n'était pas finie contre le groupe armé.
Un communiqué de l'armée israélienne indique que ces opérations terrestres seront "limitées, localisées et ciblées" et orientées contre des "cibles et des infrastructures terroristes" du Hezbollah.
Soutien américain
L’administration américaine semble avoir donné son aval à l’opération, après des exhortations au calme et des mises en garde contre l’élargissement des hostilités. Dans un communiqué publié sur le réseau social X, le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a dit être convaincu, comme Israël, de la "nécessité de démanteler les infrastructures d'attaque" du Hezbollah, ce qui se traduit pas une invasion méthodique du territoire libanais.
Le Hezbollah s’était déclaré solidaire des Palestiniens de la bande de Gaza faisant face à une guerre israélienne dévastatrice depuis l’attaque transfrontalière du Hamas contre Israël, le 7 octobre de l’année dernière.
Lundi, le président Joe Biden avait laissé entendre qu'il était opposé à des opérations terrestres israéliennes, appelant à un cessez-le-feu.
Alors que le Pentagone vantait les mérites et le “professionnalisme” des troupes israéliennes, l'armée israélienne a elle-même menacé qu’elle fera "tout ce qui est nécessaire", lors de ces opérations terrestres, pour "ramener les citoyens du nord d'Israël dans leurs foyers".
Le site américain Axios a indiqué que, selon des responsables israéliens s'exprimant sous couvert d'anonymat, l'opération n'avait "pas pour but d'occuper le sud du Liban".
Le Hezbollah "prêt"
Le Hezbollah et Israël se livrent à une guerre transfrontalière depuis le début de l'offensive israélienne contre la bande de Gaza ; offensive qui a fait près de 41 600 morts, pour la plupart des femmes et des enfants depuis le 7 octobre dernier.
Les combattants du Hezbollah se disent "prêts si Israël décide d'entrer au sol", ainsi que l’a relayé le chef adjoint du groupe, Naim Qassem, dans une première allocution télévisée depuis la mort de Hassan Nasrallah.
"Israël n'a pas été en mesure d'entamer nos capacités militaires", a-t-il affirmé.
Dans un communiqué diffusé dans la nuit, le Hezbollah a déclaré avoir "pris pour cible" des troupes israéliennes en "mouvement" dans des vergers près de la frontière, une source proche du groupe affirmant que les soldats se trouvaient "juste à la frontière".
Le Hezbollah n'a pas fait de commentaire immédiat après l'annonce par l'armée israélienne des raids terrestres, mais la télévision al-Manar du groupe a rapporté la déclaration israélienne sur sa chaîne Telegram.
Selon des médias d'Etat syriens, des frappes israéliennes ont,, par ailleurs,, visé la région de Damas dans la nuit. L'agence de presse officielle Sana a fait état de trois civils tués et de neuf autres blessés dans ces raids.
Appels au calme
La communauté internationale a prévenu que les attaques israéliennes au Liban pourraient faire dégénérer le conflit de Gaza en une guerre régionale plus large.
Les dirigeants mondiaux avaient appelé, lundi,, à la désescalade face au risque de "guerre totale" dans la région.
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait exprimé son opposition à toute "invasion terrestre" israélienne du Liban, tandis que le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, en déplacement à Beyrouth, avait appelé Israël à "s'abstenir de toute incursion terrestre" ainsi qu'à un cessez-le-feu.
Plusieurs pays, dont le Canada et le Royaume-Uni, ont annoncé avoir affrété des vols pour évacuer leurs ressortissants du Liban. La France a déployé un navire militaire par "précaution", en cas de besoin d'évacuation de ses ressortissants.
Pour sa part, l'Iran a affirmé qu'il ne "déploierait" pas de combattants au Liban et à Gaza pour affronter Israël, estimant que "les gouvernements du Liban et de Palestine ont la capacité et la puissance nécessaires pour faire face à l'agression du régime sioniste".
Le bilan des frappes israéliennes de lundi au Liban est de 95 morts, selon le ministère de la Santé.