En Israël, le nombre de prisonniers a augmenté de 3000 personnes depuis la guerre contre les Palestiniens à Gaza. Deux cents personnes en moyenne sont incarcérées chaque semaine, s’alarme l’administration carcérale israélienne. Avec 19 372 prisonniers pour une capacité de 14 500 places, les gestionnaires des prisons israéliennes qui s’exprimaient devant les députés s’inquiètent de cette surpopulation.
“ Nous n’aurons bientôt plus aucune place pour les prisonniers “, a déclaré aux membres de la commission de la sécurité nationale de la Knesset le lieutenant-colonel Elyasaf Zakai, chef de la branche de la planification et de l’incarcération de l’Administration pénitentiaire israélienne, ajoutant qu’il “est impossible de rajouter indéfiniment des prisonniers“.
“Quatre-vingt-quatre pour cent des personnes répertoriées comme prisonniers de sécurité (autrement dit les résistants et militants palestiniens, ndlr) vivent actuellement dans moins de trois mètres carrés – ce qui est inférieur à la surface légale -, et 3 000 prisonniers dorment aujourd’hui sur des matelas placés à même le sol, et non dans des lits”.
Cette situation est potentiellement dangereuse et “ma plus grande crainte est que nous perdions le contrôle des prisonniers dans les prisons“, a averti le président de la commission, le député Zvika Fogel (Otzma Yehudit).
D’après l’Autorité des affaires des prisonniers de l’OLP (officielle) et le Club des prisonniers palestiniens (privé), le nombre de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes est de 4 605 personnes.
Selon ces deux organismes de défense des prisonniers palestiniens, c’est le résultat d’une vaste campagne d’arrestations et de harcèlement enclenchée en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza. L’armée israélienne a alors “intensifié ses opérations militaires en Cisjordanie occupée et accéléré le rythme des incursions et des raids dans les villes et les camps, faisant des dizaines de victimes et des centaines de détenus”.
Les défenseurs des droits humains, autant en Israël, en Cisjordanie, à Gaza qu’à Jérusalem dénoncent la pratique récurrente des “détentions administratives”.
Détentions administratives
Une pratique controversée, régulièrement utilisée par le ministre de la Défense contre les individus soupçonnés de “terrorisme”, permet un emprisonnement sans mise en examen de six mois maximum, renouvelable indéfiniment, tout en autorisant les procureurs militaires à interdire aux suspects d’accéder aux éléments de preuve réunis à leur encontre. Femmes, enfants, vieillards : personne n’y échappe.
Selon l’association palestinienne de soutien aux prisonniers et de défense des droits humains Addameer, 2 070 personnes sont aujourd’hui emprisonnées sous le régime de “détention administrative”, soit près d’un tiers du nombre total de prisonniers politiques qui s’élèverait à plus 7 000. Les “détentions administratives étaient de 1 319 avant le 7 octobre, selon un rapport d’Amnesty International. Plus largement, selon la commission chargée des prisonniers de l’Autorité palestinienne, le nombre d’arrestations tous régimes de détention confondus, s’élève à 3 130 depuis le 7 octobre.
Pour Amnesty international, la détention administrative est utilisée “systématiquement“ comme “moyen de persécuter les Palestiniens et Palestiniennes“. D’après cet organisme, la prison semble être la règle appliquée à l’encontre des Palestiniens, puisque 40 % des hommes palestiniens connaissent la prison israélienne à un moment ou un autre de leur vie. Et ce, en grande majorité pour des activités ou des liens avec des partis politiques ou des associations militantes.
Le lieutenant-colonel Elyasaf Zakai, chef de la branche de la planification et de l’incarcération de l’Administration pénitentiaire israélienne ne remet pas fondamentalement en question le système judiciaire israélien. Pour cet officiel,“il est très important d’apporter des solutions créatives dans les limites de la loi afin de pouvoir accueillir davantage de détenus dans nos prisons“, a-t-il affirmé, soulignant que “les prisonniers de sécurité (militants ou résistants palestiniens, ndlr) fournissent beaucoup d’informations opérationnelles“.