Les autorités libanaises accusent Israël d'utiliser des munitions au phosphore blanc qui portent atteinte aux civils et à l'environnement.
Cette substance qui s'enflamme au contact de l'oxygène peut être utilisée pour créer des écrans de fumée et éclairer les champs de bataille.
Mais elle peut également être utilisée comme arme incendiaire et provoquer des incendies, de graves brûlures, des lésions respiratoires, des défaillances d'organes et même la mort.
"L'utilisation généralisée du phosphore blanc par Israël dans le sud du Liban met les civils en danger et contribue au déplacement de civils", a déclaré Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié mercredi.
L'ONG a indiqué avoir "vérifié l'utilisation de munitions au phosphore blanc par les forces israéliennes, dans au moins 17 municipalités du sud du Liban depuis octobre", dont cinq où elles ont été "illégalement utilisées contre des zones résidentielles peuplées".
L'agence de presse officielle libanaise Ani a fait état à plusieurs reprises de bombardements israéliens au phosphore dans le sud du Liban, y compris ces derniers jours, provoquant parfois des incendies.
Le ministère libanais de la Santé a recensé 173 personnes souffrant d'une "exposition chimique due au phosphore blanc" depuis octobre, sans distinguer les civils des combattants.
Des médecins de trois autres hôpitaux du sud du Liban ont déclaré à l'AFP que leurs établissements avaient traité des personnes présentant des symptômes respiratoires dus à une exposition au phosphore blanc.
“crime de guerre”
"L'utilisation du phosphore blanc dans des zones peuplées de civils peut (...) constituer une violation du droit international humanitaire", a affirmé à l'AFP Brian Castner, expert des questions militaires chez Amnesty International.
"Si des civils sont blessés ou tués, cela peut constituer un crime de guerre", a-t-il ajouté.
L'armée israélienne a déclaré en octobre que ses procédures exigent que les bombes au phosphore blanc "ne soient pas utilisées dans les zones densément peuplées, sauf certaines exceptions".
"Cela est conforme et va au-delà des exigences du droit international", a-t-elle déclaré dans un communiqué, ajoutant que l'armée "n'utilise pas de tels obus à des fins de ciblage ou d'incendie".
Des Casques bleus déployés dans le sud du Liban ont également détecté du phosphore blanc dans leurs locaux, a assuré à l'AFP un responsable de l'ONU, sous couvert d'anonymat.
Amnesty International a indiqué l'année dernière avoir "des preuves de l'utilisation illégale de phosphore blanc par Israël" dans le sud du Liban entre le 10 et le 16 octobre.
Elle avait en particulier estimé qu'une attaque menée le 16 octobre contre le village de Dhayra, qui a blessé au moins neuf civils, devait "faire l'objet d'une enquête en tant que crime de guerre".
En décembre, la Maison Blanche s'est dite préoccupée par des informations selon lesquelles Israël aurait utilisé du phosphore blanc fourni par les États-Unis lors d'attaques contre le Liban.
Beyrouth a déposé en octobre une plainte auprès des Nations Unies, accusant Israël d'avoir "mis en danger la vie d'un grand nombre de civils" en utilisant le phosphore blanc et d'avoir "provoqué une dégradation généralisée de l'environnement" en "brûlant des zones boisées libanaises".
L'utilisation de phosphore blanc a également suscité l'inquiétude des agriculteurs du sud du Liban dont les terres ont brûlé, et leurs crainte quant à une potentielle contamination des sols et des cultures.
Depuis le début de la guerre israélienne dans la bande de Gaza, le Hezbollah libanais échange régulièrement des tirs avec l'armée israélienne, en soutien au peuple palestinien.
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