C’est une guerre encore plus surnoise que livre Israël contre le peuple palestinien à Gaza, en détruisant des sites culturels de cette enclave. L'ampleur des dégâts est telle que certaines organisations de défense des droits humains, comme Euro-Mediterranean Human Rights Monitor, parlent même de “génocide culturel”.
L’ONG de défense des droits humains, basée à Genève et qui couvre le Moyen-Orient, accuse l’armée israélienne de cibler délibérément les monuments archéologiques de la bande de Gaza.
Cette organisation souligne, dans un rapport “ les attaques aériennes et d'artillerie lancées par l'armée israélienne sur de nombreux sites historiques qui constituent la partie la plus importante du patrimoine culturel de la bande de Gaza, notamment des sites archéologiques, des bâtiments historiques, des lieux de culte et des musées, ce qui a entraîné leur destruction et des dommages importants”.
Réagissant à une question de TRT Français, un porte-parole de l’UNESCO déplore la violation du droit international et indique “ à ce titre, conformément à son mandat, notre Organisation appelle tous les acteurs à respecter scrupuleusement le droit international. Les biens culturels sont considérés comme des infrastructures civiles : ils ne doivent donc pas être pris pour cible ni utilisés à des fins militaires”.
Sur le terrain, on peut prendre l’ampleur des dégâts considérables sur la grande mosquée historique Al-Omari. Situé dans la région de Jabalya, au nord de l’enclave, ce lieu de culte a été complètement détruit, avec son minaret vieux de 1400 ans. “Cette mosquée, lieu emblématique de Gaza a été, successivement, un temple égyptien, ensuite une église et enfin, une mosquée”.
Plus qu'un lieu de culte et de recueillement, la grande mosquée de Gaza était aussi un centre culturel et un espace de vie pour les gazaouis qui aimaient à se retrouver dans les alentours pour y passer du bon temps autour d'un thé.
“L'UNESCO est profondément préoccupée par l'impact négatif que les combats peuvent avoir sur le patrimoine culturel en Palestine et en Israël. Dans la bande de Gaza, cela vient d’ailleurs s'ajouter aux préoccupations antérieures de l'UNESCO sur l'état de conservation des sites en raison de l'absence de politiques publiques locales en matière de patrimoine et de culture”, s’inquiète un porte-parole de l’UNESCO, interrogé par TRT Français.
La vieille ville de Gaza a aussi été réduite en ruines par l'armée israélienne. Cette partie de Gaza était une attraction, avec la centaine de vieilles maisons, mosquées, églises, marchés et écoles. Leur architecture témoignait de la rencontre de plusieurs influences dans cette terre d'histoire, avec des empreintes des influences égyptiennes, ottomanes, byzantines, grecques notamment. Tout ce patrimoine risque de disparaître avec cette guerre qu'Israël mène sur la terre gazaouie.
Les vestiges de l'église byzantine de Jabaliya datant de la seconde moitié du Vᵉ siècle tout comme ceux du monastère Saint Hilarion ne sont que des débris aujourd'hui.
De plus, la destruction des archives de la municipalité de Gaza avec des milliers de documents historiques datant de plus de cent ans, complète cette entreprise de démolition du patrimoine culturel palestinien.
Avant la guerre, les autorités culturelles palestiniennes s'attelaient, avec l'aide des ONG et associations internationales, à mener des fouilles archéologiques, afin d'exhumer le riche passé historique de Gaza. L'offensive militaire israélienne met fin à cette ambition en même temps qu'elle a détruit à jamais, un important pan de la richesse culturelle gazaouie.
En anéantissant le patrimoine culturel de Gaza, Israël viole une convention qu’il a, à l’instar de la Palestine, librement ratifiée. La Convention de La Haye pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé (1954), insiste l’UNESCO, oblige les États “ à respecter les biens culturels situés tant sur leur propre territoire que sur celui des autres Hautes Parties contractantes en s’interdisant l’utilisation de ces biens, celle de leurs dispositifs de protection et celle de leurs abords immédiats à des fins qui pourraient exposer ces biens à une destruction ou à une détérioration en cas de conflit armé, et en s’abstenant de tout acte d’hostilité à leur égard “.