Les Nations unies alertent, en vain depuis décembre dernier, sur de sérieux risques de famine à Gaza. Plus de quatre mois après le début de la guerre que mène Israël contre le peuple palestinien dans l’enclave, la situation a empiré.
“Faute d'approvisionnements suffisants en eau et nourriture”, s’alarme l’ONU 2,2 millions de personnes sont menacées “d’une famine de masse”.
“Vraiment, les gens dans le nord meurent de faim, littéralement, meurent de faim. Nous avons déjà quatre enfants qui sont morts et sont morts de faim dans le nord”, témoigne à TRT Français Bushra Khalidi, responsable du plaidoyer pour Oxfam Cisjordanie occupée.
Récemment, ce sont les enfants qui, à leur manière, ont manifesté à Gaza pour attirer l’attention de la communauté internationale.
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"Je rêve de pain" et "Nous voulons de la nourriture", pouvait-on lire sur des banderoles portées par des manifestants.
"Nous mourons de faim, nous n'avons rien à manger, nous sommes obligés de manger de la nourriture pour animaux", explique Ayat Ashour, âgé de 10 ans.
"Nous mangeons un repas par jour, en quantité très limitée, qui se compose principalement d'eau et de concentré de tomates", renchérit Omar avant de conclure : "nous vivons des situations difficiles. Les pays arabes et le monde entier doivent nous soutenir".
La situation est particulièrement alarmante dans le nord, en proie "au chaos et à la violence", selon le Programme alimentaire mondial (PAM), qui y a suspendu ce mardi la distribution de son aide, en raison des combats et où des foules affamées se jettent sur les camions pour les piller.
Pire, les rares camions autorisés à transiter par Rafah, à la frontière égyptienne, sont obligés de composer avec tout genre de blocage avant de parvenir au nord de l’enclave.
Avant la guerre, environ 500 camions par jour entraient avec des denrées diverses dans la bande de Gaza. Mais depuis le 7 octobre, ce nombre dépasse rarement les 200, malgré les énormes besoins encore plus pressants, l'économie et la production agricole ayant été ravagées par la guerre, selon l'ONU.
Manger du fourrage pour le bétail
Des habitants du nord de Gaza sont contraints de manger des feuilles, du fourrage pour bétail, voire d'abattre des animaux de trait pour se nourrir.
Abou Djibril, s’est, malgré lui, résolu à sacrifier ses deux chevaux de trait, son ultime richesse. "On n'a pas eu d'autre choix, il a fallu tuer les chevaux pour nourrir les enfants", dit ce paysan palestinien de 60 ans réfugié dans le grand camp de déplacés Jabaliya.
Plus que les bombardements israéliens qui depuis le 7 octobre dernier ont fait près de 30 000 morts, d’après le ministre de la Santé du Hamas, la faim pousse déjà des centaines de Gazaouis à partir de leurs abris du nord de l’enclave vers le sud.
“Je suis venu à pied (…) Je ne peux décrire le genre de famine qui se répand là-bas (…) Il n’y a pas de lait (pour ma fille). J’essaie de lui donner du pain que je prépare à partir de fourrage mais elle ne le digère pas (…) notre seul espoir est l’aide de Dieu “, déclare Samir Abd Rabbo, en route vers le sud de Gaza, avec sa fille d’un an et demi, en quête de nourriture et d’abri.
Une famine peut encore être "évitée" à Gaza, si Israël permet aux agences humanitaires d'y faire rentrer plus d'aide, a plaidé le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.
Sous la contrainte de la faim, des milliers de Gazaouis continuent de quitter leurs abris du nord, vers une destination inconnue dans le sud de l’enclave. Pendant ce temps, Israël menace Rafah, le dernier refuge des Palestiniens, d’une attaque de grande ampleur.