Le mouvement se propage. Des étudiants de la Sorbonne ont emboîté le pas à ceux de Sciences Po, qui avaient occupé leur prestigieuse école, la semaine dernière, pour exiger qu’elle condamne l’offensive à Gaza, mette un terme à ses partenariats avec des universités et entreprises israéliennes impliquées dans la colonisation, et cesse de poursuivre les étudiants mobilisés.
Le mouvement avait été rapidement levé à la suite d’un accord avec la direction. En réaction, Valérie Pécresse, sur X, a annoncé suspendre les financements de la région envers l’école “tant que la sérénité et la sécurité ne seront pas rétablies dans l’école”. “Une minorité de radicalisés appelant à la haine antisémite et instrumentalisés par la LFI et ses alliés islamo-gauchistes, ne peuvent pas dicter leur loi à l’ensemble de la communauté éducative” a-t-elle ajouté.
Ce mardi, les étudiants de la Sorbonne tiennent une assemblée générale pour “organiser la lutte à la fac”, et décider de la suite du mouvement suite à leurs actions de la veille. En effet, lundi à midi, des étudiants avaient installé un campement au sein même de l’université, qu’on appelle la Sorbonne mère, partageant des revendications similaires à celles des étudiants de Sciences Po.
“Une trentaine de tentes avec des drapeaux palestiniens ont été montées dans la cour de la Sorbonne, c’était festif, avec des chants, des tracts. Vers 13h00, les policiers sont arrivés et la Sorbonne a été fermée”, explique Camille (dont le prénom a été changé) qui était présente sur les lieux. TRT Français l’a rencontrée un peu plus tard derrière le cordon policier qui entourait l’entrée principale de la Sorbonne, attendant que son ami, encore à l’intérieur, soit évacué.
Ce sera chose faite quelques minutes plus tard, la police conduisant une cinquantaine de manifestants à l’extérieur du bâtiment, avant de les éloigner, sous les slogans scandés de centaines d’étudiants venus apporter leur soutien à la mobilisation étudiante.
“Cessez-le-feu”, “Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide”, “Nous sommes tous des Palestiniens”. “Enfants de Gaza, enfants de Palestine, c’est l’humanité qu’on assassine”, répétaient les manifestants pro-palestiniens.
Les étudiants qui avaient installé leurs tentes à l’intérieur de la Sorbonne avaient en effet lancé un appel sur les réseaux sociaux, invitant les gens à les rejoindre, relayés par Mathilde Panot, Présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, qui gagnera la Place de la Sorbonne avec quelques autres députés LFI.
Lila Achour, étudiante de 3ème année en lettres modernes à la Sorbonne, a répondu à l’appel : “On voulait également montrer que la Sorbonne, qui est une grande institution, était aussi derrière les Palestiniens pour les soutenir et leur dire qu'ils ne sont pas seuls et qu'on dénonce ce qui est en train de se passer à Gaza”. “Tout le monde voit des images et personne ne fait rien”, regrette -t-elle. “C’est assez révoltant parce que nous nous sentons un peu impuissants”.
Aïda, également étudiante à la Sorbonne, est venue avec ses amies soutenir le mouvement : “Nous sommes supposés avoir cours, mais nous avons appris, il y a moins d’une heure, que les lieux étaient bloqués et qu'il y avait une mobilisation pour la Palestine et pour cessez-le-feu. Nous avons, tout de même, décidé de nous déplacer pour nous joindre au mouvement et montrer que nous sommes là”.
“On veut un cessez-le-feu et que les enfants palestiniens, autant que tous les enfants du monde, puissent jouir d'une liberté et d'une vie normale”, explique-t-elle. Comme d’autres étudiants sur le parvis de la Sorbonne, elle a les paumes des mains peintes en rouge. “Ce sang sur les mains, c'est un symbole qui est utilisé par des civilisations différentes, les aborigènes en Australie, les féministes aussi. C'est un symbole pour dire qu’on ne veut plus que innocents soient tués. C'est tout ce que cela veut dire”.
Malgré leurs clarifications, les étudiants pro-palestiniens font face à des accusations d’antisémitisme. Pour leurs détracteurs, les mains rouges feraient référence à un lynchage de deux réservistes israéliens à Ramallah en 2000.
En réponse à ces accusations, la jeune étudiante Aïda déclare que “tous les symboles vont être instrumentalisés pour diaboliser un mouvement qui ne demande qu'une chose: la paix et le cessez-le-feu et qu’on arrête de tuer les innocents”.
Lila Achour abonde dans son sens. Pour elle, les accuser d’antisémitisme est une “récupération politique” alors “que nous sommes en train de défendre un peuple qui est en train de se faire attaquer” et que “nos mobilisations sont pacifiques”.